Démantèlement de la ligne SNCB Bastogne - Libramont Où est la vision d’avenir ?

Publié le 27 avril 2009
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luxembourg

Ecolo a appris avec étonnement et consternation que la SNCB comptait désormais démanteler l’infrastructure reliant Bastogne à Libramont. Les travaux devraient débuter à la fin de cette année. Elle risque bien de porter un coup fatal aux projets de relance du chemin de fer… Et il ne s’agit pas que de nostalgiques, pour preuve la constitution d’un groupe des Amis du Rail, ceux-là même qui, durant de nombreuses années n’ont ménagé aucun effort et ont milité pour le retour du chemin de fer dans le sud de la province, reliant Virton à Arlon et Luxembourg. Avec le succès que l’on connait.

On se rappelle que lors de la fermeture de la ligne 163 Bastogne-Libramont, celle-ci a été « remplacée » par un service de bus, alors que la zone de Bastogne est à la fois un important pôle scolaire, un centre commercial et administratif dynamique et compte de surcroit plusieurs zones d’activité économique. Bastogne agglomération de plus de 14.000 habitants, 4è commune en population de la province derrière Arlon, Marche et Aubange est ainsi le seul chef-lieu à ne plus être raccordé au rail.

Pour Ecolo, le bus ne remplacera jamais le chemin de fer.

Avec le démantèlement, la SNCB semble vouloir donner un coup de pouce aux partisans du RAVeL (voie lente réservée aux usagers doux). Loin de vouloir freiner le développement du vélo touristique, Ecolo s’interroge sur l’absence complète de vision de la SNCB.

Par la voix du député Ecolo Georges Gilkinet, la question a été posée au ministre des Entreprises publiques Steven Vanackere : « quelles raisons ont mené le conseil d’administration d’Infrabel à décider de supprimer les rails ? Quelles sont ses intentions quant à l’avenir de cette ligne ? Une réouverture est-elle possible ? La piste du train léger ou train-tram a-t-elle déjà été explorée ?

Dans sa réponse, le ministre avance que l’état de l’infrastructure impose un démontage. Néanmoins, il avance qu’en cas de demande d’un opérateur, Infrabel peut toujours la reconstruire et est tenu d’en garder l’assiette intacte. Enfin, si une étude de marché doit bien être réalisée pour examiner l’application possible du “light train”, la ligne 163 reliant Bastogne à Libramont n’a pas été retenue « en raison du potentiel de voyageurs des communes traversées plutôt limité ».

Il est à noter aussi que l’argument relatif au vol n’est pas avéré. Le phénomène n’est pas plus aigu qu’ailleurs.

Pour Ecolo, ces arguments ne sont pas convaincants. A l’heure où le chemin de fer suscite un regain d’intérêt (augmentation du nombre de voyageurs, réouverture des lignes du sud luxembourgeois, projet de réouverture de la liaison Dinant-Givet), Ecolo considère qu’il ne revient pas à la SNCB de prendre des initiatives qui risquent d’empêcher la recherche de solutions adaptées à la relation ferrée entre Bastogne et Libramont.

Jérôme Petit Secrétaire Ecolo Luxembourg 0473 281128 Christina Dewart Tête de liste Arlon-Marche-Bastogne aux élections régionales et Communauté française  0476 687580

13 Question de M. Georges Gilkinet au vice-premier ministre et ministre de la Fonction publique, des Entreprises publiques et des Réformes institutionnelles sur “le retrait des rails de la lige 163 Bastogne-Nord -Libramont” (n° 12646)

13.01 Georges Gilkinet (Ecolo-Groen !) : Monsieur le ministre, la province de Luxembourg est souvent, en termes de mobilité du moins, victime de ses grands espaces. En effet, les déplacements de la vie quotidienne sont souvent plus longs qu’ailleurs.

Le réseau de transport en commun doit aussi être conçu de façon à garantir un accès au plus grand nombre.

La ligne 163 Bastogne Nord-Libramont est actuellement desservie par un bus de la SNCB alors que la zone de Bastogne compte plusieurs zones d’activité économique, des écoles et, comme partout, des étudiants qui doivent rejoindre leur campus. La desserte en transport en commun reste donc plutôt faible et risque même de ne plus évoluer étant donné que le conseil d’administration d’Infrabel aurait décidé récemment de retirer les rails de cette ligne, donnant un précieux argument à ceux qui voudraient voir cette ligne transformée et limitée à un RAVeL, une voie pour cyclistes. Loin de vouloir empêcher le développement du vélo touristique qui est fort agréable, je m’interroge sur la sous-utilisation de l’infrastructure de cette ligne et sur l’idée d’une fermeture à l’avenir consécutive à ce choix.

Monsieur le ministre, pouvez-vous me dire quelles raisons ont mené le conseil d’administration d’Infrabel à décider de supprimer les rails ?

Quelles sont les intentions d’Infrabel quant à l’avenir de cette ligne ? Une réouverture est-elle possible ? Selon quelles conditions ?

La piste du train light ou train-tram a-t-elle déjà été explorée ? Cette piste permettrait-elle de maintenir une infrastructure utilisable pour le transport des marchandises ?

13.02 Steven Vanackere, ministre : Monsieur Gilkinet, cette ligne a été fermée à la circulation en mai 1993, date à laquelle la SNCB a confié aux TEC l’exploitation du service par bus. Quelle que soit la future utilisation de l’assiette de la ligne, et au vu de l’état de l’infrastructure, un démontage des voies s’imposait.

Les bourgmestres de Libramont-Chevigny et de Vaux-sur-Sûre ont écrit à Infrabel pour appuyer ce démontage en vue de créer un RAVeL. Aucun budget n’est effectivement prévu pour la réouverture de la ligne, puisque l’opérateur SNCB n’a pas exprimé le souhait d’exploiter cette ligne avec du matériel ferroviaire. Conformément à l’article 90 du contrat de gestion entre l’État et Infrabel, l’autorisation de démontage de la ligne 163 entre Libramont et Bastogne-Sud a été accordée le 27 février 2009 par mon collègue chargé de la Mobilité et moi-même. Le démontage des voies est prévu pour la fin de l’année, après que les services de l’infrastructure auront dressé un inventaire des matériaux à récupérer et qu’un cahier des charges aura été rédigé pour la vente des matériaux restant comme mitrailles.

Quelles sont les intentions d’Infrabel quant à l’avenir de cette ligne ? En cas de demande d’un opérateur, Infrabel peut toujours la reconstruire, puisqu’il est tenu d’en garder l’assiette intacte. Ceci permet la sauvegarde des intérêts économiques de la Province de Luxembourg.

Finalement, s’agissant de la piste “light train”, dans le cadre de l’article 43 du contrat de gestion entre l’État et la SNCB, l’article 49 du contrat de gestion entre l’État et la SNCB-Holding et de l’article 59 du contrat de gestion entre l’État et Infrabel, une étude de marché doit être réalisée pour examiner l’application possible du “light train” sur l’infrastructure existante, sur l’éventuelle nouvelle infrastructure ainsi qu’en trafic mixte. Pour cette étude de marché, la ligne 163 reliant Bastogne-Nord à Libramont n’a pas été retenue en raison du potentiel de voyageurs des communes traversées plutôt limité.

13.03 Georges Gilkinet (Ecolo-Groen !) : Monsieur le ministre, je prends acte de votre réponse. Certes, cette zone n’est pas la plus densément peuplée. Ce n’est cependant pas une raison pour l’oublier systématiquement des transports en commun par rail. Comme pour la ligne Dinant-Givet, ce qui me semble important, c’est de ne pas poser des choix irréversibles. Ce n’est pas parce qu’on démonte des rails pour les revendre aux mitrailles que l’on s’empêche de rouvrir cette ligne, le cas échéant. Il me semble donc important de préserver l’assiette pour le jour où davantage de moyens publics seront disponibles pour le rail et lorsque cela se justifiera en termes de rentabilité de l’investissement, même si on sait qu’en la matière, il ne faut pas toujours viser l’équilibre financier ou le bénéfice. En effet, il est question de service public. Et ce service ne rime pas toujours avec équilibre financier !

13.04 Steven Vanackere, ministre : Monsieur Gilkinet, comme souvent, vous avez raison, mais vous ne dites pas tout ! Bien entendu, en matière de transports en commun, la rentabilité doit souvent être comblée par l’intervention du contribuable. Peu de transports en commun sont en soi rentables. C’est exact ! Toutefois, en ce qui concerne les choix à opérer entre une ligne de bus, un lightrail, etc., l’autorité publique a le devoir d’examiner la façon dont les deniers du contribuable seront affectés. Si, malgré la dimension de la demande, ce n’est pas le train qui présente la meilleure solution, mais un autre moyen de transport, soyez assuré que l’intervention du contribuable sera superflue pour “rentabiliser” ou rendre possible cette solution ! Mais opter pour des modes dits “hards” pour des publics trop restreints, ne constitue pas la meilleure façon d’affecter les deniers publics.

13.05 Georges Gilkinet (Ecolo-Groen !) : Je n’ai pas dit le contraire. Je crois que chaque cas doit être utilisé étant entendu que le train, du point de vue de la sécurité, de mobilité et de pollution, a un net avantage sur d’autres moyens de transport en commun. Il faut se donner des priorités. Je ne pense pas avoir dit le contraire.

L’incident est clos.