Grogne dans les casernes. ECOLO est aux côtés des militaires et de leur famille
Manifestations dans les rues, marche jaune, interpellations parlementaires, motions communales, distributions de cacahuètes… Le plan de finalisation de la transformation de l’armée a soulevé beaucoup d’émotion en Luxembourg, lourdement touché par la restructuration annoncée.
Epineux dossier que ce “plan de finalisation de la transformation de l’armée”. C’est à la suite de fuites dans la presse que les grandes lignes du plan De Crem ont été connues au début du mois de septembre. Et, progressivement, le paysage luxembourgeois s’est obscurci : fermeture pure et simple du quartier Heintz à Bastogne, transfert de plus de 400 militaires d’Arlon vers Bourg-Léopold (Limbourg). Un transfert d’autant moins attendu que de récents investissements pour quelque 50 millions d’euro y ont été concédés et que le quartier reste en activité.
Etrange, parce que le ministre De Crem se cramponne à un objectif chiffré : 97 millions d’économie sur un budget de 2,8 milliards et semble bien n’avoir pris aucune précaution. Pas de véritable dialogue avec les organisations syndicales, pas de concertation avec les communes concernées, fuites dans la presse et contact direct avec les chefs de corps, avant même une information des Parlementaires, y compris même de son propre parti… La démarche a quelque chose du coup de force, de la politique du fait accompli. Procédé inacceptable, dénoncé au Parlement notamment par Juliette Boulet (ECOLO) qui suit le dossier pour les Verts.
Pourtant, la réforme est d’ampleur : réduction du personnel au chiffre de 34.000, réduction de la masse salariale à 56% en 2015, réduction de 57 quartiers à 23. Et le Luxembourg n’est pas privilégié, d’où l’interpellation de Juliette Boulet au ministre De Crem : “ECOLO revendique que les outils publics – et notamment les infrastructures militaires- soient correctement répartis sur l’ensemble du territoire belge et que, à ce titre, la province de Luxembourg bénéficie d’une juste part, notamment pour ce qui concerne la répartition de ces infrastructures”.
C’est que le repli de la Défense nationale revient à fermer deux grosses entreprises ! En ce qui concerne les militaires et leur famille, la position d’ECOLO a été dès le premier jour sans ambiguïté aucune : ECOLO se range à leurs côtés. Cette position peut cependant étonner. Clairement inscrit dans le courant pacifiste, ECOLO veut axer la politique de défense sur la prévention des conflits et le maintien de la paix, plutôt que sur une course à l’armement qui se fait immanquablement au détriment du civil, en particulier dans les domaines sociaux et culturels. Pour ECOLO, l’armée est appelée à s’intégrer dans une force européenne. Avec pour vocation essentielle le maintien ou le rétablissement de la paix et les missions humanitaires, en appui à une gestion civile des crises. Néanmoins, les pages ne se tournent pas en un jour. L’armée se transforme peu à peu.
Mais pour ECOLO, un travailleur est un travailleur. Et tous méritent d’être respectés. Comme dans d’autres dossiers, tel que le nucléaire, en finir avec les centrales doit s’accompagner de la construction d’alternatives en matière d’emploi. Dans le cas qui nous occupe, ECOLO soutient donc les militaires confrontés à l’annonce brutale d’un potentiel déménagement vers d’autres implantations, ainsi que les familles qui risquent de se voir déracinées. Trop, c’est trop. Les militaires, généralement réservés, n’ont pas hésité cette fois à sortir dans la rue, avec leur famille pour manifester.
ECOLO qui ne participe pas à la majorité fédérale qui paraît avoir entériné le plan, défilait à leurs côtés, notamment à l’occasion de la« marche jaune ». Une occasion pour ECOLO et ses élus de réaffirmer le soutien aux personnes et leur volonté de mettre toute leur énergie et leur imagination, en collaboration avec les forces vives luxembourgeoises et, si possible, les autres partis, pour rechercher les meilleures issues possibles dans ce qui apparaît bien comme un conflit social.