Discours de clôture du budget provincial 2011

Publié le 25 novembre 2010
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luxembourg

clôture du budget provincial 2011

Monsieur le Gouverneur, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Députés, Chers Collègues,

En décembre 2006, le Collège présentait sa déclaration de politique générale de législature. Intitulée Devoir d’Avenir, cette déclaration se lisait comme un véritable projet politique. Nous n’étions pas d’accord avec tous ses accents, mais le projet s’annonçait audacieux et mobilisateur. Assez large pour permettre toutes les interprétations, certes (nous l’avions déjà souligné à l’époque), mais dans un cadre fixé, volontaire et ambitieux. On allait voir ce qu’on allait voir… et nous ne demandions pas mieux !

Les années suivantes, ce que l’on a vu, c’est moins la déclinaison d’un projet qu’une litanie, au mieux un inventaire de ce que font, ou ne font plus, les différents services. Ni plus ni moins qu’un rapport d’activités. Avec de très bonnes choses, bien sûr, comme l’initiative du GAPPER par Isabelle Poncelet (on attend la suite en ce qui concerne les autres énergies renouvelables), la mise à l’honneur des artistes, artisans, acteurs et opérateurs culturels par Philippe Greisch, la multiplication des démarches et actions en faveur de la mobilité par Dany Ledent, la notoriété des produits du terroir et de « l’excellence luxembourgeoise » rien qu’à l’évocation du nom de René Collin, de Shanghai à Mariakerke, le large éventail de colloques, plateformes et conférences dans le secteur social, à l’initiative de Jean-Marie Carrier, et une mention particulière à l’excellent travail de Thérèse Mahy, tant dans l’action concrète que dans la réflexion à long terme.

Mais où est ce fameux « projet novateur, sérieux, raisonnablement ambitieux et moderne … qui va se décliner avec pragmatisme et inventivité » ?

Oh, les termes d’innovation, de transversalité, d’audace… sont toujours bien présents dans la bouche des députés, année après année, mais concrètement, dans les faits, que recouvrent-ils ?

La transversalité… Faire preuve de transversalité, c’est savoir créer des passerelles entre les services et les différents acteurs de terrain, c’est mutualiser les compétences dans un objectif commun. Faire preuve de transversalité ne consiste pas à accoler le nom de deux députés à un événement ! Faire preuve de transversalité ça n’est pas répondre à la place ou en doublon de ses collègues.

L’innovation et l’audace… L’épine dorsale de l’action provinciale, ce seront désormais les services aux communes. Cette coalition d’intérêts Province – Communes, à laquelle on a abouti par défaut, est certes utile et profitable aux communes et à la province, mais est-ce là le projet novateur et audacieux ? Si ce n’est celui-là, quel est-il ?

En 2006, le Collège annonçait la mise en place d’un « service de suivi des asbl et organismes … » : Où en est- on ? Nulle part. On justifie le mécénat provincial comme une aide devenue indispensable à la survie de nombreuses associations et organismes ; c’est vrai, mais le mécénat est une initiative d’ordre privé. Lorsqu’il s’agit d’une institution publique, on parle de saupoudrage.

En 2006, le Collège annonçait « une réelle politique de valorisation des ressources humaines »… Oui, au 1er janvier 2011, la Province devrait « entamer la mise en œuvre concrète du pacte pour une fonction publique locale et provinciale solide et solidaire », une nouvelle gestion des ressources humaines qui implique un changement de culture… C’est cela, l’ardeur d’avance ? Attendre 4 ans pour « entamer une mise en œuvre ».

En 2006, le Collège annonçait « une véritable politique intégrée de développement durable »… Dans le domaine de la mise à niveau énergétique des bâtiments il aura fallu attendre 4 ans pour voir émerger l’amorce d’un début de mise en œuvre concrète d’un cadastre énergétique, demandé depuis le début de la législature… On nous informe qu’on a d’abord tenté de conscientiser les occupants des bâtiments provinciaux. Initier parallèlement une action sur les comportements et sur la mise à niveau énergétique était de l’ordre du possible… On attend toujours un plan d’investissement à long terme. Diminuer drastiquement la facture énergétique des bâtiments provinciaux sera tout bénéfice pour les finances provinciales et l’environnement. Dans le même domaine, il aura fallu beaucoup moins de temps pour supprimer deux primes dont l’une, jugée trop onéreuse pour la Province, aurait pu être conditionnée aux revenus des demandeurs. Comment des députés et conseillers socialistes et humanistes ont ils pu laisser faire cela ?!

Aujourd’hui, comme en 2006, nous continuons de croire que le réseau Luxembourg 2010, tel qu’il a été initié et développé, peut être profitable à la province et à ses citoyens, mais Luxembourg 2010 est à un tournant. La démarche territoriale et de réseau va devoir effectuer un fameux rebond pour éviter le saut dans l’abîme. Nous en appellons à la responsabilité des députés qui s’y sont investis, dont certains doivent arrêter de considérer Luxembourg 2010 juste comme un faire-valoir. La transversalité a ici tout son sens.

En 2006, mes collègues et moi croyions dans une institution prête à se remettre en question, à des Députés convaincus de l’intérêt d’une véritable orientation politique, courageuse, innovante et sur le long terme, en collaboration avec le Conseil. En 2006, nous nous demandions si le Collège aurait les moyens des ambitions affichées dans le « Devoir d’Avenir ». Aujourd’hui nous constatons qu’il s’est donné les moyens par l’augmentation de la fiscalité, mais qu’il a mis ses ambitions au placard. A votre « Devoir D’avenir », nous rétorquions par un devoir d’agir… Jusqu’ici, les belles intentions de début de législature sont restées lettres mortes. Quelle déception. Heureusement, comme je l’écrivais déjà en 2006, la volonté politique reste une énergie renouvelable.