Question de Madame Béatrice Clémentz concernant le télétravail
Question relative au télétravail
Mesdames et Messieurs les Députés, Chers Collègues,
Lors du dernier CA de la MERCi, nous avons eu une discussion très intéressante, suivie d’une décision sur le télétravail qui permettra aux travailleurs qui le souhaitent et qui motivent leur demande de pouvoir travailler chez eux à raison de 2j/semaine maximum. Les demandes seront traitées au cas par cas, suivant les besoins du service et des objectifs définis ensemble, et cela sans intervention pour les frais éventuels occasionnés (internet, ordinateur,…). Voilà une belle avancée !
Où en est la réflexion du collège sur ce thème ?
Sachant que le télétravail permet :
•pour les fonctionnaires (qui le souhaitent) : de moduler leur horaire de travail en fonction notamment de leur vie familiale, de ne pas perdre de temps en déplacement et diminuer le stress qui en découle, et de contribuer à avoir une certaine qualité de vie.
•pour la Province : d’avoir des travailleurs qui sont bien dans leur travail, de pouvoir engager, voire garder, des personnes qui pour des raisons d’organisation, de distance ne peuvent rester dans notre institution.
•Et enfin, pour la collectivité, cela permet de réduire les émissions de CO2 et la congestion routière.
Merci pour votre réponse. ……………………………………………………………………………………………..
Monsieur LEDENT, Député provincial, répond à la question à la tribune et propose une réunion de commission avec la hiérarchie.
Monsieur le Président, Chers Collègue, Madame Clémentz,
Je veux tout d’abord remercier notre Collègue pour l’occasion qu’elle m’offre de m’exprimer une nouvelle fois et de manière publique sur le télétravail et (ou) télé secrétariat et le travail à distance.
Personnellement, cette problématique, les réflexions qui l’entoure et surtout les concrétisations que nous pouvons mettre en place m’intéressent au plus haut point. Cet intérêt pour la matière n’est d’ailleurs pas nouveau, puisque il y a déjà plus de 15 ans, oui vous entendez bien, plus de 15 ans et presque 20 d’ailleurs, j’étais peut-être un précurseur à l’époque, je proposais déjà au Collège provincial de confier à feu le CDP d’Idélux d’étudier la problématique du télétravail et sa déclinaison en projet d’entreprises possibles à implanter en Luxembourg.
Cette problématique mérite réflexion et analyse et ne peut être ni acceptée ou appliquée béatement ni surtout rejetée purement et simplement.
Comme on dit chez nous, tout n’est pas tout blanc ni tout noir ou encore comme disent certains, il y a à boire et à manger. Au-delà de ces premières considérations étant passionné, trop peut être pour ce sujet, je vais m’efforcer de faire une réponse claire et concise en quelques chapitres.
Le contexte Les technologies modernes de communication sont aujourd’hui existantes et elles inondent notre monde aussi bien dans notre vie privée que professionnelle.
Elles ont le mérite de transcender les frontières et les distances et représentent, je pense, une opportunité et une chance phénoménale de nouveau développement pour les zones rurales pour autant que celles ci en fassent un objectif, s’en accaparent et prennent les initiatives nécessaires.
Au moment où à longueur d’année, discours après discours, on nous rappelle nos responsabilités en matière de développement durable et de bien être au travail, je pense que des économies d’échelle peuvent être faites en rationalisant nos déplacements. Faut-il continuer à laisser s’entasser nos concitoyens sur nos autoroutes et dans nos trains tous les matins pour converger vers les villes, Bruxelles notamment, pour y occuper des surfaces de bureaux très chères pour y effectuer nombre de travaux qui pourraient grâce aux technologies modernes se faire a distance et donc à la campagne par exemple.
Le travail à distance peut donc et doit, je pense, s’envisager aussi dans ce contexte.
Sans vouloir dire que ce soit la panacée, le télétravail peut et toutes les études mais aussi analyses d’expériences le démontrent être pour certains travailleurs un avantage, mais bien géré, cela peut être aussi un avantage pour les employeurs.
Les expériences :
De nombreuses expériences ont été et sont menées tant à l’extérieur de notre pays qu’en interne. C’est ainsi que des initiatives sont en cours chez nous au niveau fédéral, wallon et communautaire.
Je dispose d’ailleurs pour ceux qui le souhaitent différents rapports d’évaluations intéressants à parcourir y compris des rapports du Canada.
On y trouve des termes comme :
Le télétravail phénomène polymorphe ;
Télétravail entre mythe et réalité ;
Gestion par les compétences et nouvelles formes d’organisation du temps et de l’espace ;
Autonomie contrôlée ;
Autodiscipline et auto motivation ;
Adéquation du type de management ;
Style de leadership et type de hiérarchie ;
Procédure de travail et de gestion du travail ;
Régulation du travail ;
Le télétravail une réponse a la demande de mobilité dans la gestion du quotidien des populations actives et de leur famille.
Une série de termes qui caractérisent bien ce type de travail. Permettez-moi peut être d’épingler plus précisément quelques avantages qui s’y trouvent consignés (lecture rapport).
En ce qui concerne la Province, c’est en 2006 qu’est lancée une expérience pilote à la DDC.
Intégrant des notions comme l’idée du 0 papier, d’un management par objectifs, d’une organisation hiérarchique horizontale plutôt que verticale et de télétravail possible, cette démarche a été évaluée en 2008 par l’Université de Liège.
J’y lis d’ailleurs, qu’après une enquête interne à une série de services provinciaux, un souhait de poursuivre et même d’envisager un essaimage de ce type de démarche. Depuis lors, je dois bien vous le dire, et c’est pour moi une déception, de constater que plus grand chose n’a été fait. L’honnêteté intellectuelle veut cependant que je reconnaisse qu’au sein de la Province déjà aujourd’hui certains font du télétravail sans l’avoir formellement organisé et décidé.
Il faut même reconnaître qu’avant l’heure la Province l’a pratiqué puisque dès la création du Département des Services techniques et sans moyens techniques à l’époque, le Service des Commissaires Voyers a été conçu au départ d’agents travaillant à domicile.
Des freins à la démarche il y en a :
Les organisations syndicales sont frileuses ;
Certaines hiérarchies le sont tout autant ;
Le télétravail s’adapte mieux à du personnel des services gérant des projets.
Personnellement je regrette un peu que trop souvent on se contente et on se rassure de voir l’agent présent de corps au bureau on aime le voir pointer et dépointer à l’heure. On a ainsi l’impression qu’on le surveille mais a t’on l’assurance de son efficience ? Il s’agit la plus d’une culture de la présence que de l’efficience.
C’est vrai la gestion du télétravail demande ou nécessite une autre manière de manager les équipes. Evidemment cela impose de nouveau concepts basés notamment :
Sur l’apriori de d’abord faire confiance à ses collaborateurs ;
L’obligation pour la hiérarchie à plus d’anticipation et de planification du travail et de projets ;
L’imposition d’imaginer un type de contrôle et d’évaluation ;
La nécessité aussi d’établir clairement des balises et une ligne du temps.
J’ai peut-être eu tort d’avoir eu raison trop tôt. J’ai la faiblesse de penser que si le privé a adopté et a compris que le travail à distance était une solution, il serait regrettable que les administrations sur ce point n’évoluent pas. J’ai peut-être été trop ambitieux pour la démarche provinciale, je reconnais que quelque part c’est une révolution dans les mentalités.
Quoi qu’il en soit, j’aurais aimé voir notre Province oser non pas cette révolution mais évolution. Je dois bien reconnaître que je suis quelque peu déçu mais je fais confiance à notre Administration provinciale.
Depuis de très nombreux mois, je ne suis pas en conflit mais en discussion sur le sujet avec notre Greffier provincial. Si je partage comme lui un certain nombre de considérations comme :
Le télétravail ne s’impose pas, il doit être librement consenti ;
Le télétravail ne peut être un droit pour l’agent ni accessible à tous ;
Le télétravail doit être limité dans le temps. Il ne peut éloigner l’agent de la réalité du service et des contacts avec l’équipe et sa hiérarchie ;
Pour des administrations le travail ne peut engendrer le transfert de dossiers physiques qui nous mettrait dans l’illégalité ;
Que le télétravail ne peut être considéré comme un avantage social mais doit être considéré comme une manière d’effectuer un travail plus efficient.
Il n’en demeure pas moins que je suis surpris par la frilosité de notre Administration.
En témoigne le dernier rapport nous rentré par la Cellule de management qui nous informe que sur plus de 20 directeurs ou directions interrogées seul 12 ont répondu et seulement 2 directeurs acceptent du bout des lèvres et encore dans des circonstances très précises et limitées. J’enregistre !
C’est sur cette base que la Cellule de management propose à notre Collège les quelques principes suivants :
Principe de base : l’intérêt de la Province et du service rendu doit toujours prévaloir sur les considérations d’ordre personnelles. Celles-ci sont admissibles si et seulement si elles sont compatibles avec les missions de l’agent et la bonne marche du service.
Procédure formelle : la demande de télétravail doit être formulée auprès du greffier par la ligne hiérarchique. La demande est motivée et acceptée par l’agent. Aucun agent ne peut y être contraint. L’Equipe de management exprime son avis avant décision par le Collège. Aucune délégation n’est possible.
Conditions de réalisation : Le télétravail est autorisé s’il peut s’exercer dans d’autres bâtiments provinciaux dans des conditions matérielles analogues à celles du bureau occupé ordinairement par l’agent (notamment pointage, matériel informatique et de communication…).
Le télétravail est limité à 2 jours par semaine. Les jours peuvent être fixés préalablement par le chef de service ou en fonction des missions occasionnant un déplacement.
Le télétravail au domicile de l’agent n’est autorisé que dans le cadre des missions extérieures s’il permet de compléter une journée de travail (soit le matin, soit le soir ou même pendant la journée) et d’éviter de longs déplacements. L’agent doit être joignable à tout moment. Le responsable hiérarchique doit être en mesure de contrôler le travail effectué (rapport de mission, préparation ou procès-verbal de réunion). En cas d’urgence l’agent peut néanmoins être rappelé au bureau.
Je qualifierais ces propositions de plus petit commun dénominateur sur lequel nous pouvons nous appuyer. Aussi, je proposerais au Collège de l’adopter pour un premier pas (fut-ce t’il frileux) de notre Administration. Comme disait mon père l’appétit vient toujours en mangeant.
Avançons donc pour une Administration en évolution lente mais soyons convaincus que notre Institution doit oser cette aventure.
Il va de soi Monsieur le Président, chers Collègues que si notre Conseil le souhaite, nous pouvons poursuivre la réflexion ensemble au travers d’un travail en Commission et ainsi encadrer cette marche en avant pour un changement.
Par ailleurs, soucieux d’avancer dans l’idée de développer un service type call-center, centre de télétravail ou plate-forme de télé-secrétariat, nous avons décidé de réserver 50.000 € du Fonds d’impulsion, cette somme est mise à disposition pour une étude de faisabilité et d’implantation d’un centre qui pourrait se situer sur la plate-forme bâtiment de Belgacom de Libramont, aujourd’hui depuis 7 ans.
Je vous remercie.
Intervenants :
Madame CLEMENTZ
Monsieur LEDENT
Monsieur PIEDBOEUF
L’Assemblée a pris connaissance de la question et de la réponse