Le circuit court : de la fourche à la fourchette

Scandale Véviba, crise du Fipronil, effondrement de la biodiversité, pesticides, fin des quotas laitiers, rémunération insuffisante pour les agriculteurs,… Agriculteurs et consommateurs sont depuis des années plongés dans le désarroi. Les agriculteurs en particulier subissent les conditions extrêmes d’un marché globalisé et ne peuvent plus retirer un salaire décent de leur travail. La diminution prévue du budget de la PAC et les accords multilatéraux déjà conclus ou en cours de négociation (CETA, MERCOSUR…) vont mettre davantage encore de pression sur une profession déjà sacrifiée.

C’est ainsi qu’en Province de Luxembourg, depuis 1978 le nombre de fermes est passé de 5500 à moins de 2500. Et l’âge moyen des fermiers est supérieur à 50 ans avec rarement une perspective de reprise. Le phénomène s’accélère ces dernières années : de 1990 à 2013, plus de 50% des exploitants agricoles ont mis fin à leur activité, même si la Surface Agricole Utilisée (SAU) n’a que peu varié, passant de 1.398 km² en 1990 à 1378 km² en 2015.

Et si la solution était locale ?

Nous pouvons reconnecter le producteur local (éleveur, maraîcher, fromager, apiculteur,…) et le consommateur local. Mettre tout en œuvre pour qu’un maximum de consommateurs de la province – ménages, restaurateurs, cantines scolaires, collectivités – consomment local de manière significative.
Du côté de l’agriculteur, trouvons des solutions pour dégager un profit décent à produire des aliments de qualité: développer des coopératives de producteurs et les alliances avec la population qui consomme et peut aussi investir, re-construire une filière courte durable, encourager l’autonomie alimentaire des exploitations agricoles pour améliorer la rentabilité et diminuer l’impact des cours du marché. Enfin, pour rendre l’agriculture plus respectueuse de la biodiversité, encourager les démarches éco-responsables comme le compostage, la permaculture, l’agro-foresterie.

Enfin, nous devons aider les agriculteurs de la Province à diminuer une double dépendance : dépendance aux aides de la PAC – qui diminueront fortement dans les années à venir ! – et dépendance vis-à-vis des cours mondiaux des produits agricoles, pétroliers et des phyto-sanitaires.

Agriculture durable : des fermes rentables…

A la Province comme ailleurs (Région, Etat fédéral et communes), Ecolo défend une agriculture durable. Pour être durable, une exploitation doit être rentable tout en produisant des produits de qualité qui ont accès à un marché rémunérateur. Ses modes de production doivent aussi contribuer à la qualité de l’environnement.

Pour ce faire, tous les services concernés: Spigva (Service Provincial d’Information, de Gestion et de Vulgarisation Agricole), Centre de Michamps, CER Groupe,… doivent être mis au service de l’objectif général : re-construire une filière courte durable.

Comment ?

• Accompagner les “fermes en transition” (qui diminuent l’usage de carburant, d’intrants chimiques et d’aliments importés): étudier les meilleures solutions économiques et écologiques, les faire connaître, les généraliser

• Accompagner les fermes dans les démarches éco-responsables: études de sol, études compost, fin des pesticides, limites des lisiers

• Développer la bio-méthanisation des déchets agricoles

• Encourager la transformation (vendre du fromage rapporte plus que vendre du lait à une grande laiterie) et soutenir les réseaux de distribution

• Soutenir le service de remplacement

• Accès à la terre: mettre en marche une banque foncière avec l’objectif d’empêcher la spéculation et de réglementer le marché. Le problème majeur des agriculteurs aujourd’hui est en effet l’incapacité des jeunes à créer ou à reprendre une exploitation vu le prix trop élevé des terres. Dans ce cadre, l’accès aux terres qui sont propriétés de la Province et des communes seraient accessibles prioritairement à ceux qui feraient le choix du « bio » , des circuits courts et des modes de production plus intensifs en emplois (production maraîchère et agricole).