La Province de Luxembourg est un acteur important dans la santé avec des actions qui d’adressent tant aux particuliers, qu’aux entreprises, aux écoles ou encore aux administrations. Elle participe à la gestion des hôpitaux du territoire notamment au niveau des finances, de la programmation, des statuts, des appels d’offres, des études, des conventions et des forums et elle consacre une part importante de son budget à des politiques de santé (13,5 millions d’€ en 2018), essentiellement au travers des hôpitaux et de la santé mentale. Elle est l’actionnaire majoritaire de l’intercommunale de soins, Vivalia qui organise les hôpitaux généraux et les Maisons de Repos et de Soins.

Enfin, la Province développe des actions de prévention et d’éducation pour la santé sur des thématiques prioritaires de santé publique. Fédératrice, elle crée des partenariats avec les pouvoirs locaux et collabore à l’amélioration de la santé des luxembourgeois avec le corps médical et tous les acteurs de promotion de la santé.

Les priorités d’ECOLO

Le dossier politique le plus sensible c’est bien sûr celui de l’organisation des hôpitaux en Luxembourg, pour lequel le Collège a démontré durant toute la législature une passivité affligeante. Il est crucial de réinvestir politiquement dans ce dossier pour : (1) fusionner les trois conseils médicaux, (2) si le projet de Houdemont se concrétise, tenir compte des bouleversements pour le personnel, et des aspects d’aménagement du territoire, de mobilité et de développement durable, (3) prendre mieux en compte la première ligne (les généralistes et médecins spécialisés).

Ecolo est aussi très attentif à la dimension « prévention ». Enfin, la pénurie de médecins et le défi du vieillissement méritent également de figurer dans les priorités du programme.

Vivalia 2025 : qualité des soins, proximité et première ligne

Dans le débat luxembourgeois, il s’agit d’offrir la possibilité d’accéder à des soins aigus de qualité pour la plupart des pathologies (c.-à-d. sans revendiquer l’équivalent d’une clinique universitaire et comprendre que certaines spécialisations ne soient pas assurées). La pédagogie envers les citoyen.n.es quant aux projets a fait défaut.

Il ne peut être question de soins à deux vitesses, selon que l’on habite une région densément peuplée ou une zone rurale, selon que l’on est riche ou pauvre… La position d’Ecolo est que la solution qui s’impose sur base de critères médicaux et financiers, passe par la complémentarité entre les deux hôpitaux en soins aigus et des polycliniques offrant une grande palette de soins pour les patients.

Par contre, l’implantation choisie par Vivalia à Houdemont pour l’hôpital Centre-Sud, pose problème. Ecolo s’est toujours opposé à cette situation au milieu de nulle part. A présent que les administrateurs de l’intercommunale se sont clairement prononcés en faveur de cette localisation, il importe de rectifier le tir et prendre en compte les aspects humain de ce choix, tant pour les malades, les travailleurs de santé, les visiteurs potentiels que pour les habitants des villages périphériques dont la vie quotidienne va être affectée. Il faudra également penser les conséquences de ce choix en matière d’aménagement du territoire, de mobilité et de développement durable. Réduire les hectares utilisés, prévoir des navettes bus, construire durablement.

Sur le plan financier, les économies ne peuvent toucher la qualité des soins et le statut du personnel. Les efforts doivent se concentrer sur la logistique.

Il est urgent que s’approfondisse une véritable dynamique « Vivalia », commune à tous les établissements et structures. La fusion des trois conseils médicaux est un préalable qui aurait dû être réalisé il y a des années.

Au niveau de la proximité, il est essentiel pour les patients de trouver près de chez eux des consultations de spécialistes hospitaliers, les consultations pré- et post- hospitalisation, des soins requis pour les pathologies chroniques. Une clarification sur les soins de proximité doit aussi permettre d’apaiser les craintes légitimes des patients d’Arlon, de Libramont ou de Bastogne entre autres.

Parallèlement, Ecolo soutient le développement des postes médicaux de garde des médecins généralistes (1733) et leur revendication du maintien d’une grande proximité avec les structures hospitalières. Le fonctionnement des Postes Médicaux de Garde (PMG) doit être élargi aux gardes en semaine dans toute la province.

Au niveau des urgences, l’objectif est de réduire le temps nécessaire aux interventions, l’intervalle médical libre à l’objectif wallon (15 minutes maximum) sur l’ensemble du territoire de la province. Pour cela, il faut mettre en œuvre et rendre complémentaires tous les vecteurs possibles, y compris l’hélicoptère mais aussi en se concentrant sur les dispositifs qui donnent les meilleurs résultats, à savoir une complémentarité entre des SMUR et des PIT.

La coopération transfrontalière existe déjà dans certaines pratiques (interventions urgentistes dans le Sud, prise en charge des patients en hôpital). Elle n’est pas toujours aisée, du fait des règlementations propres à chacune des sécurités sociales. Il est dès lors utile d’avancer pas à pas dans le cadre de conventions transfrontalières.

Pénurie de médecins

La pénurie de médecins est un enjeu de taille dans notre province rurale. C’est un problème lié à la fois à la limitation du nombre d’étudiants et au libre choix du lieu d’établissement des diplômés.

Proposition : mener toutes les initiatives destinées à faciliter l’établissement des médecins dans la province de Luxembourg (maisons médicales, aides au logement, aux stages…), amplifier la dynamique Filux (Fonds d’impulsion dans le cadre de pratiques de groupe de médecine générale dans la province).

Autre proposition: attribution des numéros INAMI (quasi nécessaire à l’exercice de la profession de médecin) au regard des besoins du territoire, avec engagement d’y exercer.

Soins de santé de première ligne

• Valoriser le dialogue médecin-patient. Le temps passé par le médecin pour dialoguer et examiner son patient est crucial pour une meilleure qualité des soins et un usage efficace des ressources.

• Soutenir les coordinations et les regroupements de praticiens de la médecine, en particulier les maisons médicales (travailler en équipe facilite une vision globale du patient et pas seulement de la maladie). Cela permet aussi de mieux concilier vie professionnelle, vie familiale et vie sociale des praticiens.

• Renforcer les soins de première ligne, renforcer les soins à domicile, en associant tous les acteurs en vue de limiter les hospitalisations.

• Développer les services et programmes de promotion de la santé et plus particulièrement de lutte contre les assuétudes au travers d’équipes multidisciplinaires et à destination des acteurs de l’enseignement.

• Veiller à une meilleure organisation des gardes pharmaceutiques (pour éviter de trop longues distances vers la pharmacie de garde).

Préparer le défi du vieillissement

La province wallonne la plus jeune est confrontée au défi du vieillissement. Par rapport à 2000, le nombre de personnes entre 85-94 ans va pratiquement doubler en 2020 et plus que quintupler en 2060.

Ce défi doit être préparé en particulier en ce qui concerne les soins à la personne et l’encadrement médical. Ecolo plaide pour un maintien à domicile tant que c’est possible, cela passe par un soutien aux logements aménagés type logements kangourous etc…

Prévention, conditions de vie saines

Ecolo met l’accent sur la prévention et la promotion de comportements de vie sains. Il est indispensable de faire le lien entre la santé et l’alimentation ainsi qu’entre la santé et l’activité physique régulière. Obésité, diabète, problèmes cardio-vasculaires… Autant de maladies auxquelles notre province n’échappe pas (les affections cardiaques graves sont plus nombreuses qu’ailleurs en Wallonie).
Notre province est également plus exposée au radon.

Proposition : généraliser les mesures préventives dans les habitations situées dans les zones à risque et réduire le délai d’attente pour disposer d’un dosimètre (jusqu’à 6 mois actuellement!)

Préserver la santé en préservant l’environnement

C’est un enjeu majeur. Le nombre d’adultes et d’enfants atteints d’asthme, d’allergie et de maladies de la peau est en constante progression.

Nos concitoyen.n.es sont de plus en plus sensibles au fait que les liens entre la politique de santé et la politique agriculture / alimentation sont importants. Ecolo soutient la conversion à l’agriculture biologique à la fois pour des raisons de soutenabilité de l’agriculture que pour l’impact positif sur notre santé.

En ce qui concerne l’épandage des produits toxiques à proximité des habitations, Ecolo prône notamment :

• la mise en place de zones tampon sans pesticides à proximité des habitations et lieux communautaires,

• la mise en œuvre de l’étude d’impact des produits phytosanitaires sur notre santé et notre environnement (seconde phase du projet),

• la réalisation d’études complémentaires intégrant l’influence des vents dominants, des écrans superficiels et des distances de dispersion des produits phytopharmaceutiques, pour identifier les lieux les plus impactés.

Focus sur la maladie de Lyme

Ecolo souhaite la création d’une “cellule maladie de Lyme” au service provincial et santé, à l’instar des cellules radon et pollen déjà actives.

La maladie de Lyme est provoquée par la bactérie appelée « Borrelia burgdorferi », une bactérie pathogène qui appartient à la classe des spirochètes et est transmise à l’homme par une morsure de tique. En Belgique, la maladie de Lyme est principalement transmise par l’espèce de tiques « Ixodes ricinus ».

Si dans la grande majorité des cas, les morsures de tiques sont inoffensives, environ 2 % des personnes victimes d’une morsure développeront la maladie de Lyme précoce dont la manifestation clinique la plus fréquente est une éruption cutanée rouge (érythème migrant) qui apparaît autour du point d’inoculation. Si les symptômes précoces ne sont pas traités, la maladie de Lyme entre dans la phase précoce disséminée (neuroborréliose, arthrite ou myocardite). Une phase plus tardive se caractérise par des symptômes liés à une infection persistante ou par d’autres mécanismes comme par exemple des phénomènes auto-immunitaires.

Un faible pourcentage des patients ayant reçu un traitement adéquat se plaignent encore de fatigue, de douleurs musculaires et de troubles neurocognitifs. Ce syndrome, qui malheureusement n’est pas encore bien défini, est aussi connu sous le nom de maladie chronique de Lyme.

Selon l’étude Sciensano (CERVA et ISP), près de 14 % des tiques présentes en Wallonie sont infectées par la Borrelia. 19,7 % pour la province de Luxembourg. (BW 10,1 %, Liège 9,1 %, Namur 15 %, Hainaut 20,3%).Selon l’Institut de médecine tropicale, le nombre de patients atteints de la maladie de Lyme est passé de 42 à 1400 entre 1991 et 2000, soit une augmentation de facteur 30. Cette augmentation doit nous inquiéter. En Belgique, on détecte 20 000 cas de la maladie, mais 2 000 seulement sont officiellement traités.

Une étude récente publiée dans la revue « Parasites & vectors » (vol 11, n°1, p.227 (2018) démontre que 21,6 % des agents DNF ont une sérologie positive à Borrelia.

Les experts de l’OMS et de la maladie de la borréliose de Lyme pointent très clairement le changement climatique comme facteur amplificateur des morsures de tiques. Les hivers doux et humides que nous connaissons favorisent la prolifération des tiques et notre province, riche de ses forêts et de ses prairies, est directement touchée.

L’institution provinciale a déjà initié des campagnes de sensibilisation avec l’asbl Lyme for Time. Nous proposons une approche plus systématique et proactive:

En effet, actuellement la lutte anti-vectorielle reste l’outil le plus important pour prévenir les flambées de cette maladie. Ce qu’il manque actuellement en Belgique:

• peu de données disponibles concernant la répartition des tiques, leur écologie et leur rôle de vecteur. Une meilleure cartographie des risques infectieux, une meilleure surveillance et de meilleurs contrôles permettraient d’élaborer des mesures préventives plus efficaces et plus ciblées.

• Une approche concertée réunissant les différents organismes et niveaux de pouvoir est nécessaire pour comprendre les maladies vectorielles comme la maladie de Lyme et pour lutter contre celles-ci.

La cellule Lyme de la Province:

• organisera des campagnes de sensibilisation systématiques dès le printemps, à destination de la population, singulièrement des animateurs de plaines de jeux, de vacances, mouvements de jeunesse…

• placera des panneaux d’information aux endroits pertinents: départs de randonnées, plaines de jeux de plein air, maisons médicales etc.

• encouragera les citoyens à signaler les morsures de tique par la promotion sur les sites internet des communes, province et syndicats d’initiative du site de signalement www.tiquesnet.be

• collectera avec l’appui de l’Observatoire provincial de la santé toutes les données disponibles concernant la maladie et sa propagation

• organisera un colloque à destination des professionnels de la santé pour améliorer l’expertise, le diagnostic et la prise en charge