2017 était consacrée « Année du tourisme durable » sur le plan international. En province de Luxembourg, divers acteurs privés se sont intéressés à la thématique mais l’institution provinciale a manqué cette opportunité d’en faire un thème porteur et fédérateur, qui pouvait se traduire dans une programmation cohérente pour les années à venir.

Pourtant, il y va de notre intérêt à tous. D’une part, les effets conjugués de la croissance économique, de la pression démographique et du développement du tourisme accentuent, d’année et année, les menaces qui pèsent sur l’avenir même de l’homme. D’autre part, l’expérience montre qu’introduire la durabilité dans les produits touristiques existants et développer la demande nécessite une politique consciente, assumée et pérenne, autre que du « greenwashing ». ECOLO est en faveur d’une offre touristique durable, accessible, cohérente et promue en toute clarté.

Qu’est-ce que le Tourisme durable ?

Selon la définition de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), le tourisme durable est « un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil.»

La province dispose de très beaux outils pour agir en faveur du Tourisme durable.

Une fédération provinciale, chargée par Code wallon du Tourisme de deux grandes missions : la coordination des Maisons du Tourisme et autres organismes touristiques, et le développement et la promotion du tourisme provincial. Elle est dotée d’une équipe de près de 40 personnes ; – Une Cellule « Ingénierie touristique » au sein d’IDELUX, qui aide et conçoit des projets, en coordination avec le CITW (Centre d’Ingénierie Touristique de Wallonie) ; – Des règlements provinciaux, aptes à éventuellement stimuler les objectifs touristiques ; – Une aubaine financée par l’Europe : un important Marketing touristique sur « La Grande Région », regroupant la Wallonie, le Grand-Duché de Luxembourg, la Lorraine, la Sarre et la Rhénanie-Palatinat. Ces moyens, biens utilisés, devraient générer un réel impact…

ECOLO propose cinq axes concrets :

a) Montrer l’exemple : organisation et gestion durables par la FTLB (Fédération touristique du Luxembourg Belge) des sites touristiques provinciaux existants ou à venir.

Actuellement, aucune mention explicite et publique de la durabilité sur les plans environnemental et social n’existe pour ces secteurs. Aucun cadastre connu d’état de durabilité des bâtiments et sites n’existe. Dans quelle mesure ces projets peuvent-ils devenir exemplaires sur le plan de la durabilité (notamment au niveau de leur bâti, de leur localisation/accessibilité, du marché public à la gestion quotidienne) ? En quoi prendront-il en considération les intérêts des communautés locales et viendront-ils alimenter une offre touristique plus durable et de proximité ?

Propositions :

• Établir un cadastre sur la « durabilité des propriétés provinciales » : estimation des adaptations, choix et programmation de la mise en œuvre
• Adapter les cahiers des charges des marchés publics de travaux, fournitures et services • Adopter progressivement le déplacement doux du personnel et proposer des alternatives à la voiture pour les touristes • Mettre en œuvre un Comité de dialogue avec les communautés locales pour tout projet de grande dimension à définir

b) Propulser le développement du label touristique Clef verte

• Clef Verte » est le seul label international en cours de développement en Wallonie. Il est essentiellement destiné à l’offre d’hébergement (Hôtellerie, Campings, Gîtes ruraux, Chambres d’hôtes, Auberges jeunesse, lieux d’événement, attractions touristiques). Ce développement devrait renforcer la préservation du patrimoine, y compris le patrimoine naturel, le développement d’un tourisme de proximité qui se pratique via des modes de transport moins polluants. Il est malheureusement trop faiblement soutenu par la Wallonie.

Proposition :

• Compléter le soutien wallon par soutien provincial complémentaire (financier et humain)

c) Une pression active pour mieux protéger nos rivières

Nos rivières constituent le coeur de notre offre touristique : elles animent nos vallées, offrent ombre et fraîcheur pendant la saison touristique (qui va devenir de plus en plus chaude), proposent terrasses et bords d’eau accueillants. « Essentielle dans certaines communes et marginale dans d’autres, cette activité contribue aujourd’hui de manière non négligeable à l’image et à l’économie de certains territoires ». Revers de la médaille, la rivière n’est pas assez protégée par l’offre en kayaks et autres pollutions. Le contrôle du niveau d’étiage, du nombre de kayaks, de la protection des berges et de la pollution de la rivière sont autant de points à améliorer.
ECOLO veut renforcer la protection de toutes nos rivières et l’utilisation touristique de nos deux rivières autorisées aux kayaks : l’Ourthe et la Semois, dans leur partie navigable.

Propositions :

• Mettre sur pied un groupe de réflexion rassemblant les utilisateurs de la rivière, des scientifiques, les Contrats de Rivière et les autorités.

• Organiser de manière originale et créative un parrainage de l’entretien des berges de rivière, en collaboration avec les Contrats de Rivière et les communes.

d) Soutien au tourisme durable dans les Parcs naturels Soutien aux Parcs naturels de la province dans leur adhésion

• la « Charte Européenne du tourisme durable dans les espaces naturels ». Cette Charte ne connaît mystérieusement aucun développement en Wallonie, alors qu’elle est présente partout en Europe. Les Parc naturels offrent un cadre idéal pour initier le développement d’un tourisme structuré et respectueux du milieu naturel de leur territoire.

ECOLO souhaite que la province apporte un soutien concret au projet wallon « NATUR’ACCESSIBLE », lequel prévoit le développement et l’aménagement d’un circuit accessible aux personnes en situation de handicap et/ou à mobilité réduite dans les Parcs naturels de Wallonie.

Proposition :

• Accorder un soutien complémentaire provincial, et un développement progressif hors des Parcs.

e) Une participation citoyenne aux projets touristiques

Le futur du tourisme provincial passe par une développement accepté. Si le tourisme de masse n’a jamais été choisi par les wallons – la quasi inexistence de méga villages de vacances tropicaux (à la seule et unique exception de Vielsalm) en est la preuve -, d’autres projets arrivent. L’évolution des mentalités demande dorénavant plus d’information et de concertation, la population souhaite être rassurée sur l’utilisation de son territoire, maîtriser son cadre de vie. L‘objectif est de construire ensemble un tourisme intégré et voulu.

Proposition : Pour tout projet d’investissement touristique, mettre en œuvre une Commission consultative touristique communale.

Un parc d’hébergements de qualité, sécurisé et diversifié

Chaque année, près de 30 % du parc d’hébergement provincial perd l’autorisation officielle délivrée par le Commissariat général au Tourisme (CGT) faute de détenir une attestation de Sécurité Incendie valide. Une plus grande réactivité de tous les partenaires permettrait une sécurité accrue et le maintien des autorisations délivrées.

Proposition : accompagner les opérateurs touristiques concernés pour les conscientiser et les encourager. La Wallonie a mis en œuvre « Wallonie Destination Qualité », une démarche visant à améliorer l’accueil du touriste, la gestion et la présentation par les opérateurs privés et publics dans une optique d’excellence. Plus d’opérateurs touristiques entreront dans cette démarche « Qualité », plus la province améliorera sa réputation et son attractivité.

Proposition : un accompagnement (intervention active et anticipative) de la FTLB auprès des opérateurs touristiques concernés pour les conscientiser et les encourager.

Devenir « LA » province « RANDO » de Wallonie.

La randonnée itinérante et les sentiers balisés constituent le premier produit touristique wallon. Une réglementation wallonne unique encadre et organise ce secteur, et c’est une bonne chose. Toutefois, le développement de la randonnée itinérante reste maigre. Notre province a donc une carte à jouer grâce à un réseau Sentiers de Grandes Randonnées (SGR) exceptionnel. Il manque un système de réservation pour des produits combinés, avec transport de bagages mais surtout, il manque des « bivouacs » le long des sentiers, zones de camping pour la nuit.

Proposition : développer, en coordination avec le DNF, des zones de bivouac surveillées le long des GR de la province.

Par ailleurs, la promotion des nombreux itinéraires de promenades et randonnée sillonnant notre province (petits et longs circuits, GR et autres), pédestre, VTT et cyclo ne sont pas suffisamment mis en valeur. Chaque info tourisme se limite aux informations la concernant, et offre très peu d’informations sur les communes voisines ou proches.

Proposition : dans chaque Organisme d’information touristique officiel (Office du Tourisme, Syndicat d’Initiative et Maison du Tourisme), offrir la possibilité au touriste d’accéder librement au cadastre numérique des promenades et randonnées, partout dans la province. Y offrir aide, conseil, cartes d’itinéraire et topo-guides.

Ce travail de mise en œuvre et de coordination relève de la « fédération touristique », en charge de « fédérer » les Organismes touristiques sis sur le territoire de la province.
Une Bourse d’échange « Tourisme pour tous »

Près de 40% des Wallons (pour une moyenne européenne de 30 % !) n’ont pas les moyens de partir une semaine en vacances chaque année : une réalité méconnue. La Province doit contribuer à aider les plus faibles d’entre nous à bénéficier de l’accès aux loisirs et aux vacances : cette dimension semble souvent oubliée par la politique provinciale en matière de tourisme. Cet aspect « durable » devrait être clairement encouragé et pourrait bénéficier d’investissements plus importants.

Proposition : • créer une « Bourse » d’accès variés aux loisirs et séjours dans la Province ; tâche que la province peut réaliser au départ de son travail de coordination des Organismes touristiques et ses contacts avec les opérateurs privés et publics touristiques, en coordination avec le CGT.

Par ces propositions constructives, concrètes, et réalistes, ECOLO montre sa détermination à œuvrer en faveur d’un tourisme provincial plus respectueux des hommes et de l’environnement, tout en s’inscrivant dans une dynamique économique soutenable.