Question au Député en charge du pôle Social et Santé relative à la maladie de Lyme

Publié le 4 avril 2019
Rédigé par 
Nicolas Blanchart

Monsieur le Député,

Notre groupe voudrait mettre en exergue la problématique de la maladie Lyme qui touche de plus en plus de personnes et peut avoir de lourdes conséquences pour la santé, parfois pour plusieurs années.

La maladie de Lyme est provoquée par la bactérie appelée « Borrelia burgdorferi », une bactérie pathogène transmise à l’homme par une morsure de tique. En Belgique, la maladie de Lyme est principalement transmise par l’espèce de tiques « Ixodes ricinus ».

Dans la grande majorité des cas, les morsures de tiques sont inoffensives mais environ 2% des personnes victimes d’une morsure développent la maladie de Lyme précoce qui se manifeste le plus souvent par une éruption cutanée rouge (érythème migrant). Si les symptômes précoces ne sont pas traités, la maladie de Lyme entre dans la phase précoce disséminée (neuroborréliose, arthrite ou myocardite). Une phase plus tardive se caractérise par des symptômes liés à une infection persistante ou par d’autres mécanismes comme par exemple des phénomènes auto-immunitaires.

Il arrive que même après un traitement adéquat, des patients se plaignent encore de fatigue, de douleurs musculaires et de troubles neurocognitifs pendant de longs mois voire de longues années. Ce syndrome, qui malheureusement n’est pas encore bien défini, est aussi connu sous le nom de maladie chronique de Lyme.

Selon l’étude Sciensano (CERVA et ISP), près de 14 % des tiques présentes en Wallonie sont infectées par la Borrelia ; 19,7 % pour la province de Luxembourg. Selon l’Institut de médecine tropicale, le nombre de patients en Belgique atteints de la maladie de Lyme est passé de 42 à 1400 entre 1991 et 2000, soit une augmentation de facteur 30. On détecte à présent 20.000 cas de la maladie chaque année, mais 2.000 seulement sont officiellement traités. Cette augmentation doit nous inquiéter.

D’autre part, une étude récente publiée dans la revue « Parasites & vectors » (vol 11, n°1, p.227 (2018) démontre que 21,6 % des agents DNF ont une sérologie positive à Borrelia.

Les experts de l’OMS et de la maladie de la borréliose de Lyme pointent très clairement le changement climatique comme facteur amplificateur des morsures de tiques. Les hivers doux et humides que nous connaissons favorisent la prolifération des tiques et notre province, riche de ses forêts et prairies, est directement touchée.

L’institution provinciale a déjà initié des campagnes de sensibilisation avec l’asbl Lyme for Time. Nous proposons une approche plus systématique et proactive. En effet, la lutte anti-vectorielle reste à ce jour l’outil le plus pertinent pour prévenir les flambées de cette maladie. Ce qu’il manque actuellement en Belgique:

• peu de données disponibles concernant la répartition des tiques, leur écologie et leur rôle de vecteur. Une meilleure cartographie des risques infectieux, une meilleure surveillance et de meilleurs contrôles permettraient d’élaborer des mesures préventives plus efficaces et plus ciblées.

• une approche concertée réunissant les différents organismes et niveaux de pouvoir est nécessaire pour comprendre les maladies vectorielles comme la maladie de Lyme et pour lutter contre celles-ci.

Dès lors, nous proposons que la Province en partenariat avec les communes organise des campagnes de sensibilisation systématiques dès le printemps, à destination de la population, singulièrement des animateurs de plaines de jeux et de vacances et mouvements de jeunesse. Concrètement, il s’agirait de :

• placer des panneaux d’information aux endroits pertinents: départs de randonnées, plaines de jeux de plein air, maisons médicales etc. ;

• encourager les citoyens à signaler les morsures de tique en ligne en promouvant sur les sites internet des communes, de la province et des syndicats d’initiative la page web de signalement www.tiquesnet.be ;

• collecter avec l’appui de l’Observatoire provincial de la santé toutes les données disponibles concernant la maladie et sa propagation ;

• voire, organiser un colloque à destination des professionnels de la santé pour améliorer l’expertise, le diagnostic et la prise en charge.

Bien entendu, ces actions peuvent être discutées et enrichies. Pouvez-vous déjà nous indiquer votre intention quant à cette proposition  ?

D’avance je vous remercie

Guirec Halflants
Conseiller provincial