Le Luxembourg, territoire en transition

Jean-Philippe, co-président, Député wallon et de la Fédération WB

  • Australie, 5,5 millions d’hectares de terres brûlées, des millions d’animaux décimés, 18 morts, 17 personnes portées disparues, 100.000 personnes déplacées…

  • Jakarta, 60 morts dans et autour de la capitale indonésienne, près de 500.000 réfugiés à cause des plus importantes inondations de la décennie. La capitale d’Indonésie (30 millions d’habitants) est considérée comme la ville la plus susceptible d’être submergée au monde. Le gouvernement a déjà annoncé la volonté de relocaliser la capitale.

Ces deux événements marquants de ce début d’année sont directement liés au réchauffement climatique. Ils sont à la fois lointains et terriblement proches de nous.

Nous sommes entrés dans l’ère de l’anthropocène, et cela concerne également notre territoire luxembourgeois, heureusement dans de moindres proportions:

  • scolytes des épicéas et des mélèzes→ 13,37 millions € de perte globale pour les communes dans la province ;

  • maladies d’essences pourtant endémiques de nos forêts : hêtres, chênes, frènes…

  • pénurie d’eau : cet été 7 communes ont pris des arrêtés visant à interdire l’usage non essentiel de l’eau, et d’autres (Libin, Libramont ou Vielsalm) ont du procéder à des ravitaillements

  • ..

Ces constats sont durs évidemment. Mais les choses bougent : l’Union Européenne vient de proposer un « Green Deal » inédit. Bruxelles, la Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles sont mobilisés pour prendre le chemin de la transition : -55 % de GES d’ici 2030, -95 % d’ici 2050.

Nos pouvoirs locaux doivent aussi prendre le chemin de la transition: communes, CPAS, intercommunales, Province doivent mettre en place des mesures d’adaptation à l’impact climatique et mettre tout en œuvre pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre. L’objectif qu’il nous faut atteindre dans nos communes, c’est une réduction de minimum 55 % de GES d’ici 2030.

Bien sûr, cet objectif climatique doit aller de pair avec une attention aux personnes fragilisées, aux travailleurs et travailleuses pauvres, aux allocataires sociaux qui ont pour préoccupation première la fin du mois. Il y a dans la province des disparités importantes entre nos communes. Les indicateurs concordent souvent : les communes qui ont la plus grande proportion de RIS dans leur population (Virton, Rouvroy / Bouillon, Herbeumont, Bertrix / Marche, Durbuy) sont aussi les communes avec un revenu médian par habitant plus bas1.

Il faut de l’innovation sociale, je pense par exemple au projet pilote : « Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée ».

La politique du logement est un outil essentiel tant d’un point de vue social que climatique. La Déclaration de Politique Régionale prévoit d’accroître de 12.000 unités les logements publics au service des ménages d’ici 2024. Le gouvernement wallon programmera la production de logements à loyer modéré, à destination des ménages à faibles revenus, énergétiquement efficaces (bâtiments neufs à émissions zéro et rénovations tendant vers la neutralité carbone) et accessibles par une mobilité douce ou collective. L’objectif à moyen terme est de tendre vers 10% de logements publics à l’échelle de la Wallonie et des bassins de vie.

ECOLO Luxembourg participe à sa manière à cet effort, cette Maison de l’Ecologie Luxembourgeoise, qui vient d’être rénovée accueille nos locaux au rez-de-chaussée et comporte à l’étage un appartement que nous avons toujours mis en location via une AIS. L’appartement vient d’être rénové et notre intention est de le remettre sur le marché locatif via l’AIS Sud dès que possible.

Enfin, réconcilier les préoccupations pour la fin du monde et pour la fin du mois c’est aussi une politique ambitieuse de rénovation des logements privés. La Wallonie vient d’annoncer l’isolation des toitures de 35.000 à 40.000 logements par an !

Services publics – un enjeu climatique et social

Mais à cet égard, je veux aussi rappeler combien la présence de services : publics et privés dans les régions rurales a son importance, tant d’un point de vue climatique que social: des magasins de proximité (cfr. la coopérative Coeur de Village à Bellefontaine) des lieux culturels, des espaces collectifs, des transports publics… c’est essentiel. La disparition des bureaux de poste et des distributeurs de billets, zonings commerciaux qui privent les villages de leurs derniers commerces, regroupement de centres de revalidation dans des grandes structures souvent accessibles en voiture uniquement… sont des tendances qu’il faut inverser ! Nous voulons augmenter l’autonomisation des territoires ruraux : rendre le centre de nos villes et nos villages, vivants, actifs et agréables.

Il faut aussi questionner nos mauvaises habitudes en termes d’aménagement du territoire : des zonings commerciaux en périphérie qui grignotent les terres agricoles et appauvrissent les centres, un site hospitalier de premier ordre au milieu des champs (50 hectares, une nouvelle bretelle d’autoroute), de l’artificialisation des sols tant pour le résidentiel que les activités économiques. De 2002 à 2019 : 3.521 ha ont été artificialisés. La surface artificialisée globale de la province est passée de 4,3 % à 5,1%.

Vous l’avez compris, l’année 2020 sera climatique et sociale. C’est notamment la raison pour laquelle, dans mon mandat, tant au Parlement Wallon qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles, je me spécialise dans la thématique climat, à côté également des questions de ruralité et d’agriculture. Et je suis également au niveau de la Fédération Wallonie-Bruxelles, les questions d’enseignement, tout aussi essentielles pour faire face à l’urgence climatique et de biodiversité.

Nicole, co-présidente, conseillère communale de Marche-en-Famenne

L’année 2019 a été l’année de #metoo, ce mouvement de libération de la parole de nombreuses femmes victimes de violences en tous genres, qu’elle soit sexuelle ou psychologique, dans la sphère privée, sur le lieu de travail ou dans l’espace public.

Notre cheffe de groupe au Conseil provincial, Brigitte Pétré a récemment plaidé en faveur de la création d’un centre d’aide aux victimes de violences sexuelles dans notre province. Il existe actuellement 3 centres de ce type dans le pays situés à Gand, Bruxelles et Liège, 3 nouveaux centres sont prévus à Charleroi, Anvers, Louvain, mais aucun en Province de Luxembourg. Ces structures offrent aux victimes des soins médicaux, un support psychologique, une expertise médico-légale pour le constat des lésions ou autres soucis. Ces structures soutiennent également les victimes dans le dépôt de plainte.

Or la violence envers les femmes et plus particulièrement les violences conjugales est très présente en province de Luxembourg. Marianne Lejeune, avocate générale de notre province de 2015 à fin 2019 s’est dite étonnée du nombre de cas présentés dans les tribunaux dans notre province.

Le combat pour le respect des droits fondamentaux des femmes et pour l’égalité complète des genres, notamment dans le monde professionnel est loin d’être gagné. ECOLO est résolu à faire évoluer les mentalités. En son sein, la parité est la règle: au niveau des co-présidences de toutes les instances d’Ecolo, tout comme dans la confection des listes électorales où nous avons historiquement œuvré en faveur du prescrit légal de la tirette. Notre volonté d’intégrer les femmes aux plus hautes fonctions s’applique à nous-mêmes en premier lieu !

Jean-Philippe a évoqué les services publics essentiels à la la transition sociale et écologique. Parmi ceux-ci les services publics de mobilité en particulier sont au centre de nos préoccupations d’écologistes.

Dans notre province rurale, la clé sera l’intermodalité. Combiner plusieurs modes de transport : le vélo, la voiture, la bus, la voiture partagée, le transport à la demande, etc.

Vélo

Il faut donc, dans les gares, aux arrêts de bus, des parkings vélos sûrs, pourquoi pas avec une recharge électrique. La Wallonie a pour sa part annoncé son intention très claire d’investir dans la mobilité partagée et la mobilité douce dans le cadre de ses objectifs climatiques. L’objectif est de doubler l’usage du vélo d’ici 2024 et de le multiplier par cinq d’ici 2030. Pour ce faire le financement affecté à la construction de pistes cyclables et d’aménagements en faveur du vélo passera progressivement de 5€/an/habitant à 20€/an/habitant. Les études pour prioriser ces aménagements sont en cours dans chaque bassin et donc également dans notre province.

TEC

Les TEC recevront 35 millions supplémentaire à travers le Plan de transition pour l’extension et l’amélioration de l’offre de bus et 29 millions € (sur 5 ans) pour la gratuité ciblée des TEC : les – de 25 ans, les plus de 65 ans et les publics précarisés.

Covoiturage

Il faut aussi mettre des moyens efficaces et complets pour le covoiturage: quatre stations de covoiturage en province de Luxembourg, c’est bien trop peu. De plis, aménager une voie express sur la bande d’arrêt d’urgence qui s’arrête à la frontière et attendre qu’il « fasse beau demain », c’est un peu court.

Train

Le train, c’est le réseau structurant. Comme vous savez, le plan de transport que la SNCB (pour la période décembre 2020 – décembre 2023) vient d’être approuvé par le conseil d’administration de la SNCB. A l’instar du précédent plan de transport 2017-2020, l’axe général prévoit une augmentation globale de l’offre de 5 % par étapes sur les 3 années. Pour la province de Luxembourg, l’augmentation de l’offre se traduira essentiellement par la fréquence horaire en semaine sur la desserte de la ligne 42 Liège- Gouvy, ce qui est une très bonne nouvelle.

Néanmoins, ce plan de transport présente des manquements importants. Notre députée fédérale, Cécile Thibaut a récemment interpellé le Ministre Bellot à ce sujet dans une question parlementaire :

– la correspondance entre la ligne 162 et 42 n’est malheureusement toujours pas permise en gare de Marloie, ce qui met en péril la ligne 42 ;

– les 7 trains directs1 entre Luxembourg et Bruxelles qui avaient été supprimés ou modifiés (départ à Jemelle ou Namur) dans le précédent plan de transport 2017-2020, ne sont toujours pas rétablis alors que ces suppressions-modifications étaient présentées comme temporaires pendant les travaux

– par ailleurs, malgré les demandes répétées de nombreux acteurs locaux et au premier chef par ECOLO, ce plan ne contient aucune référence (pas même un projet à l’étude) pour la mise en place d’une ligne directe Virton-Luxembourg sans rupture de charge.

Enfin, de manière combative nous assumons des demandes d’amélioration de l’offre : augmenter les fréquences des omnibus dans les gares rurales, voire rouvrir certains points d’arrêts afin de rabattre rapidement et efficacement les voyageurs vers des pôles ferroviaires à grande capacité. Et nous voulons faire de la ligne Virton-Luxembourg un nouveau couloir d’entrée sur le marché de l’emploi grand-ducal. C’est maintenant ou jamais !

Nicolas, co-président et Bourgmestre de Fauvillers

Bilan des élections 2018-2019 et cartographie des enjeux locaux

Nous venons de connaître deux années fort chargées au niveau électoral. Les élections communales de 2018 ont marqué une belle progression du nombre d’élus: 32 conseillers communaux (contre 27 en 2012 et 18 en 2006) et 13 conseillers au CPAS (contre 11 en 2012 et 7 en 2006).

A Fauvillers, j’ai eu le plaisir de constater que ma majorité sortait renforcée du scrutin. A Virton, une nouvelle majorité voit le jour avec Annie Goffin (2°échevine) et Nicolas Schlitz (président de CPAS). Une majorité avec Ecolo verra le jour à Musson à la mi-mandat tandis que Mariline Clémentz devrait être échevine à Neufchâteau.

Au niveau de la province , nous doublons notre participation avec un groupe avec 4 conseillers contre 2 en 2012. Les districts du sud cartonnent toujours autant (Arlon, Virton) et nous décrochons un élu (Eric Jurdant) dans le district de Marche.

Les résultats des élections fédérales, régionales et européennes confirment la bonne tendance observée lors des élections locales et provinciales puisque nous progressons en moyenne par rapport aux élections provinciales de 2018 (16% contre 14%).

En mai 2019, la plus grosse évolution du parti est constatée à Fauvillers (+17%). Ecolo devient le 1 er parti dans 4 communes: Virton, St-Léger (scrutin régional), Martelange et Arlon.

Notre volonté, partout où nous sommes présents, est d’initier la transition écologique, sociale et solidaire et rendre nos communes résilientes. Il ne s’agit plus d’empêcher le changement climatique, il a déjà lieu. Aujourd’hui, nous devons œuvrer à le limiter au maximum, chaque dixième de degré supplémentaire compte ! Mais surtout, nous devons préparer nos citoyens à ses conséquences et au changement, en étant particulièrement attentif aux plus démunis, afin de permettre à chacune et chacun de conserver une qualité de vie satisfaisante. Quelques exemples concrets :

Durbuy :

– Interpellation du CC sur leur soutien à l’organisation Miss Belgique (place de la femme dans la société). Remise en question du syndicat d’initiative sur le soutien et la commune arrête son subventionnement

Marche-en-Famenne :

– Soutient de la gare ferroviaire de Marloie (suppression guichet), pour une autre mobilité en milieu rural.

– Défense de la biodiversité en proposant des alternatives au projet de logement sur le dernier poumon vert de Marche-en-Famenne sur parc des Pères franciscains .

Nassogne :

– Vision alternative à l’agriculture industrielle, accompagnement mouvement citoyen pour une agriculture locale pour dénoncer les poulaillers industrielles qui a débouché sur le refus du CC d’un poulailler industriel à Grune..

Etalle :

– « Province de Luxembourg un espace étoilé a été adoptée » à l’unanimité proposé par Ecolo

Virton :

– Des quartiers durables à proximité avec le centre-ville et ses services tout en préservant la biodiversité

– Des “SUL” (Sens unique limité) permettant aux cyclistes de disposer de raccourcis et rendre la circulation cycliste aisée à Virton et des aménagements de liaisons entre les différents tronçons de voies cyclo-piétonnes à Chenois

Habay :

– Participation de nos conseillers à l’initiative des Pédibus

– Persévérance à toute épreuve pour défendre un très beau projet d’éolien citoyens

Arlon :

– Ecolo+ seul contre le nouveau règlement de police interdisant la mendicité.

– Installation d’une fontaine d’eau potable accessible 24h/24h à la sortie du CPAS d’Arlon sur proposition de Ecolo+

Vielsalm :

– Dossier Spanolux/Unilin

Fauvillers :

  • La volonté de développer les centres de village afin de maintenir et développer les services, comme à Fauvillers, autour de la nouvelle crèche communale, de l’école, la commune, le CPAS, la maison médicale, la maison rurale… ou à Strainchamps (commerces et maison de village).

  • La mobilité partagée pour les publics plus fragilisés, avec la Locomobile et le nouveau véhicule du CPAS

  • L’attention avec la préservation de la biodiversité et des techniques traditionnelles, en collaboration constante avec le parc naturel : restauration de murs en pierres sèches et valorisation de ce savoir-faire, verger et rucher conservatoire derrière la maison rurale, agrandissement du verger à côté de la maison communale, projet d’aménagement de trois hectares en verger conservatoire à Oisefagne…, restauration des méandres de la Sûre et de la Strange via le Contrat Rivière, dernier travail en date (fin 2019) : restauration d’un ancien canal de moulin à Bodange pour permettre à la Sûre de reprendre son cours normal et à la biodiversité de s’y réimplanter.

  • Développement du tourisme local et vert, avec l’aménagement d’un parcours découverte dans le bois communal d’Oisefagne, au sein des 70 hectares de bois communaux qui seront réservés en priorité au tourisme durable et à un espace de promenade pour les habitants de nos communes.

  • Le soutien à la coopérative éolienne et la réflexion en cours dans le cadre de la Convention des maires, avec une conférence prévue le 24 février sur le thème de l’adaptation de l’agriculture aux changements climatiques, ou encore l’engagement de la commune, cette année, dans une démarche zéro déchet (taxation au poids, bulletin communal hors-série en collaboration avec Idélux Environnement).

Coralie, trésorière d’Ecolo Luxembourg

La transition est en marche et ECOLO Luxembourg est bien décidé à jouer son rôle et apporter des solutions.

Nos mandataires locaux, nos conseillers communaux et de CPAS, notre échevine, notre bourgmestre, nos conseillers provinciaux, nos deux députés sont mobilisés et « plus chauds que le climat ». Et notre plus grande force, ce sont les militants qui nous accompagnent toute l’année dans nos assemblées provinciales et nos actions de terrain. Nous cultivons cette intelligence collective qui nous pousse à l’action.

Questions et Réponses de la presse

A présent, pour vous remercier de votre participation et de votre travail toute l’année à nos côtés, nous ouvrons la partie conviviale de la soirée. Des produits du terroir préparés par la Halle de Han (un Centre d’Insertion Socio-professionnelle de Tintigny) et un crémant du Poirier de Loup, produit par la Toupie (une EFT basée à Arlon) vous sont offerts.

Nous vous souhaitons à chacune et à chacun ainsi qu’à vos familles et vos proches une heureuse année 2020 !

1 Tableau de Bord socio-économique de la province de Luxembourg – Edition janvier 2019