Depuis ce lundi 29 janvier, les agriculteur·trices wallon·nes se mobilisent publiquement pour exprimer leur colère. Cette colère est légitime et compréhensible, tant qu’elle s’exprime sans violence. Les écologistes souhaitent, depuis toujours, protéger nos agriculteur·trices et les accompagner sur le chemin de la nécessaire transition.

Emboîtant le pas à d’autres mouvements à travers l’Europe, les agriculteur·trices wallon·nes multiplient les mobilisations, les rencontres, les interviews. Ils visent non seulement les politiques européennes, mais aussi leurs conséquences au niveau régional et fédéral. Leurs principales revendications et points d’attention sont les suivants :

  • Revenu décent ;
  • Lourdeur et ampleur des charges administratives ;
  • Concurrences déloyales (ex : projet d’accord de libre-échange UE-Mercosur) ;
  • Complexité des législations, notamment celle qui porte sur les calendriers de semis imposés ;
  • Marges accaparées par les intermédiaires et l’industrie agro-alimentaire.

Une colère partagée par les écologistes

Chez Ecolo, nous comprenons la colère et nous rejoignons  les agriculteur·trices wallon.nes dans leurs revendications :

  • Ecolo demande depuis longtemps un changement du modèle agroalimentaire pour soutenir une production et une consommation alimentaire saine, durable, locale, accessible et rémunératrice.
  • Ecolo défend des pratiques agricoles durables pour garantir la production à long terme sur des sols vivants et avec la protection de l’environnement et de la la santé tant des agriculteurs et agricultrices que des consommateurs et des consommatrices.
  • Ecolo soutient depuis longtemps une simplification administrative. Les agriculteurs et agricultrices n’ont pas à porter le poids de la transition seul·es, nous devons les accompagner et leur donner les leviers et soutiens nécessaires.
  • Ecolo souhaite un traitement différencié pour les fermes indépendantes et plus petits exploitants, face aux gros exploitants industriels.

Jean-Marc Nollet, coprésident d’Ecolo :

 Pour protéger les agriculteur·trices, il faut pouvoir protéger la nature. Nous devons pouvoir relier la colère du monde agricole à un avenir où les fermes indépendantes, familiales, sont prospères au sein d’un nouveau modèle économique qui respecte les limites planétaires et rémunère correctement les agriculteur·trices. 

Responsabilité politique : la faute à qui ?

C’est avant tout au niveau européen que se joue l’avenir des agriculteur·trices wallon·nes. Les règles commerciales européennes actuelles et leurs conséquences sur la qualité de vie du monde agricole sont le résultat d’une politique ultralibérale que les écologistes dénoncent depuis toujours. Cette politique génère :

  • de la concurrence déloyale pour les fermes indépendantes et locales ;
  • des normes sociales et environnementales insuffisantes pour protéger la rémunération des agriculteurs et agricultrices et leur outil de travail.

Les exploitants européens sont soumis à des normes pour une agriculture vertueuse alors qu’en parallèle, accord de libre-échange après accord de libre-échange, l’Europe laisse entrer sur le marché des denrées produites selon des normes bien moins strictes. En ce sens, le projet d’accord Mercosur est une grave menace supplémentaire.

La cible de la colère en réalité, c’est la politique néolibérale actuelle portée par les partis de droite et soutenue par les familles politiques centristes.

Alors, on met tout à la poubelle ?

La plupart des agriculteurs ne souhaitent pas de pause sur les mesures environnementales. Les écologistes non plus. Continuons d’agir ensemble pour que l’agriculture soit durable et repose sur ses trois piliers : économique, social et environnemental“, répond la coprésidente d’Ecolo, Rajae Maouane.

La position des Vert·es, pour rendre du respect au monde paysan

Pour rappel, les Vert·es ont voté contre la politique agricole européenne actuelle (PAC), car elle ne permettait pas de financer suffisamment un changement de pratiques nécessaire, ni d’atteindre des objectifs ciblés, ni d’offrir une distribution juste et équitable des moyens mobilisés.

Au niveau wallon, les écologistes ont obtenu un accord équilibré sur la transposition de la nouvelle PAC. Cette transposition permet de valoriser les pratiques agricoles durables et de donner une trajectoire claire au monde agricole sur la volonté de produire en protégeant l’environnement via différents écorégimes (favorables au maillage écologique, à l’élevage extensif et à la réduction des intrants pour une meilleure autonomie notamment).

C’est aussi à l’initiative de la ministre de l’Environnement, Céline Tellier, que les mesures de protection des sols sont renforcées, en agissant dans le dialogue pour construire un modèle plus durable, en accord avec tous les syndicats agricoles.

Sans oublier toute une série d’initiatives de terrain, dont un soutien explicite aux ceintures alimentaires.

Choisir une agriculture plus verte et plus juste

La priorité des écologistes ?  Offrir un cadre économique juste qui valorise la production agricole saine et durable et qui encourage sa consommation.

  1. Ecolo veut garantir un juste prix pour les agriculteur·trices et pour les consommateur·trices,
    1. via la régulation des marges brutes des entreprises de distribution alimentaire ;
    2. via la prise en compte des dégâts causés par les produits chimiques (sanitaires et environnementaux) ;
    3. via une politique publique de soutien à la consommation responsable, comme avec le programme de cantines durables lancé pour fournir une alimentation de qualité, saine et durable dans toutes les écoles, crèches, hôpitaux et maisons de repos qui le souhaitent.
  2. Ecolo continura de soutenir la transition agricole via des aides agricoles revalorisées pour la réduction des intrants, l’agriculture Bio et les écorégimes favorables à l’environnement, ainsi que les mesures agro-environnementales et climatiques.
  3. Ecolo veut une réglementation claire sur l’utilisation des pesticides et propose une zone tampon autour des habitations, des écoles, des crèches, des hôpitaux et des maisons de repos pour réduire l’exposition des agriculteurs et agricultrices, des riverains et riveraines. Ecolo en discute les modalités avec les syndicats agricoles.
  4. Ecolo veut protéger notre économie, notre environnement et notre santé face au commerce international par des accords d’échange avec des normes égales, miroirs, et réclame l’exception alimentaire au niveau européen pour favoriser les produits alimentaires locaux qui respectent l’environnement, la santé et la juste rémunération des agriculteurs et des agricultrices.
  5. Ecolo veut une simplification administrative et insiste depuis longtemps auprès du Ministre Borsus pour qu’il se bouge en ce sens.
  6. Ecolo formule des propositions pour réguler l’accès au foncier agricole. On constate avec regret que l’actuel ministre de l’agriculture n’a pas permis de réguler ce volet pourtant fondamental pour soutenir les jeunes et nouveaux agriculteurs et les jeunes et nouvelles agricultrices.

Jean-Marc Nollet, coprésident d’Ecolo :

 L’Europe néo-libérale favorise les gros industriels en leur confiant la majorité des subsides alors qu’ils représentent 20 % des exploitations. Nous voulons protéger les fermes indépendantes et petits exploitants familiales qui constituent  80 % des exploitations et qui font des efforts pour respecter la planète et nourrir la population. 

Rajae Maouane, coprésidente d’Ecolo :

 L’agriculture est plus que jamais un métier d’avenir, à condition de sortir d’une Europe néolibérale qui étouffe les petites exploitations sans respecter la nature et les gens. Ensemble, choisissons l’avenir, choisissons une agriculture plus verte et plus juste.