La reprise des activités de VEVIBA

Publié le 25 avril 2018
Rédigé par 
Nicolas Blanchart

Question à l’attention de Madame la Députée provinciale Thérèse Mahy, en charge de l’agriculture, concernant la reprise des activités de VEVIBA (Verbist Viande Bastogne)

Début mars éclatait ce qui s’appelle aujourd’hui communément le “scandale Veviba”, avec suspicion de fraudes, de failles en matière de contrôle et de risques en terme de sécurité alimentaire.

Rétroactes :
L’abattoir de Bastogne a perdu ses agréments à la suite d’infractions constatées par l’AFSCA. Le ministre fédéral de l’agriculture a fait fermer l’atelier de découpe et fait poser les scellés sur l’ensemble des frigos de la chaîne Verbist. Deux managers de crise de la Sogepa ont été désignés pour diriger l’entreprise. Pour rappel, la Sogepa est le bras financier de la Wallonie, qui gère les abattoirs et unités de conditionnement. La mission des “interim managers” envoyés à Bastogne « est de remettre tout le site au propre pour pouvoir demander une nouvelle agrégation, retrouver un contexte économique favorable et relancer les activités ».

Dans ce dossier il convient de distinguer l’exploitant, la société Verbist et les installations, soit abattoir, marché couvert, ateliers de découpe, frigos, géré par Idelux via le Comité de secteur « Centre de valorisation de la viande de Bastogne » dont vous êtes membre. Aujourd’hui, pour information la détention des parts est de 44,45% pour la Sogepa, 36,10% pour la Province et 19,45% pour la Commune de Bastogne. Chiffres fournis par le secteur. Une convention d’usufruit courant jusqu’au 31/12/2026 a été signée avec le groupe Verbist, qui deviendra propriétaire des biens au terme de la convention d’usufruit.

Jusqu’il y a peu donc le groupe Verbist, actif dans le secteur depuis plus de 50 ans, exploitait le site de Bastogne. Près de 15.000 mètres carrés d’abattoirs, ateliers de découpe, chambres froides et ateliers d’emballage. 120 travailleurs environ, pour un chiffre d’affaire de 15 millions d’euros en 2016. Veviba, c’est 26% de la viande de bœuf abattue en Belgique, vendue chez nous et à l’étranger.
La Sogepa, créancier de Veviba, a lancé un appel à candidatures pour reprendre les outils. Une décision doit être prise rapidement sinon le bras financier wallon pourrait devoir passer la main à un curateur. Le repreneur pourrait être une entreprise mais aussi une coopérative.
L’abattoir et l’atelier de transformation de Bastogne ont une importance cruciale pour le secteur de la viande dans la région. Il ne faudrait pas que la capacité, qui existe dans les autres abattoirs et ateliers de découpe disponibles, absorbe les activités de Bastogne au prix d’une logistique plus lourde pour les producteurs et plus pénible pour les bêtes. On constate déjà une forte concentration du secteur de la viande qui voit 9 abattoirs en Belgique drainer quasi 70% de l’activité nationale.

Si l’exploitation des structures de Bastogne est reprise par des acteurs dominants, nous craignons une concentration du secteur encore accrue, avec le risque pour les producteurs, les petits transformateurs, et les consommateurs : les producteurs se retrouvant à la merci d’une poignée d’opérateurs avec lesquels ils doivent traiter aux conditions dictées par la guerre des prix bas, opérée par la grande distribution. Nous sommes convaincus qu’ une implication des producteurs en forme coopérative dans les activités de transformation augmenterait la confiance du consommateur, le contrôle du producteur sur la chaîne alimentaire, et préviendrait le risque de dérives. Cela va dans le sens de la nécessaire valorisation du travail des producteurs et l’intégration des éleveurs dans le dispositif d’abattage.

La Fédération wallonne de l’Agriculture (FWA) ayant décidé d’encadrer la constitution d’une coopérative d’éleveurs et de rentrer une déclaration d’intention dans le cadre de l’offre de reprise des outils du groupe Veviba, nous espérons que la Sogepa donnera priorité toute coopérative d’éleveurs wallons. Sera-ce la cas ? Deux réunions du comité de secteur ont eu lieu depuis le scandale, j’ai pu vérifier en CA d’Idelux qu’aucune orientation politique n’avait été donnée à la SOGEPA dans la sélection d’un candidat repreneur.

Madame la députée, la province étant impliquée dans les infrastructures, dont elle détient d’importantes parts, et étant concernée par le devenir de nos producteurs, quelle orientation avez-vous communiquée au Gouvernement Wallon ? Participez-vous de manière active à cette sélection ?

En vous remerciant pour votre réponse, recevez, Madame la Députée, mes sincères salutations.

Brigitte Pétré
Pour le groupe ECOLO