SDER – AVIS PROVINCIAL

Publié le 6 février 2014
Rédigé par 
luxembourg

Intervention au Conseil provincial du 31 janvier 2014

Nous sommes donc appelés aujourd’hui à remettre un avis sur le projet de SDER adopté par le Gouvernement Wallon PS-CDH-ECOLO le 7 novembre dernier.

Si je me réjouis de cette initiative, je me réjouis toujours de la perspective de débats d’idées, je regrette néanmoins que cet avis arrive un peu tard, la province s’inscrivant dans un cadre d’initiative, l’avis devait être rentré avant le 13 janvier 2014. Soit.

Pour rappel : La raison d’être du SDER : répondre au défis démographique sur le plan territorial, au vu de la raréfaction des ressources, d’une réflexion raisonnée des investissements publics.

La province fait sien l’avis des Intercommunales du Groupe IDELUX-AIVE sur le SDER.

Je ne reviendrai que partiellement sur mon intervention lors du CA et de l’AG d’Idelux de décembre. Lors de celle-ci, j’ai principalement dénoncé le fait qu’Idelux s’engluait dans une rhétorique d’opposition et ne sortait aucune proposition pour améliorer le document dans le cadre d’une consultation » .Je retiendrai aussi la conclusion du Président de l’IC à la suite des débats de l’AG : « De grâce, ne votez pas ce brol / truc ».

Depuis décembre, le document a évolué, notamment pour répondre à mes demandes. Je m’en réjouis car d’une position binaire, pour ou contre le SDER, la province / par la voix d’Idélux / fait des propositions.

Des propositions concrètes, j’en retiendrai quelques unes : l’élargissement de l’aire métropolitaine luxembourgeoise, les axes de développement, les aires rurales transfrontalières, les réseaux, notamment du gaz. Tous ces éléments sont de nature à améliorer le document et sont les bienvenus dans le cadre d’une enquête d’avis.

D’autres propositions m’interpellent.

A propos des pôles.

La province et Idelux veulent permettre l’émergence d’un pôle nouveau. Je vous cite : « Aider les communes rurales ou périurbaines à se développer ». Vous prenez comme exemple Léglise.

Toutes les communes à travers le SDER pourront se développer.

Envisager un nouveau pôle, c’est créer une ville nouvelle.

Arlon, pôle majeur ? Comme Liège, Charleroi ou Mons, c’est nocif pour la crédibilité de l’ensemble de l’exercice. On est bien dans une logique de perspective wallonne et pas dans celle du Luxembourg qui regarde le Luxembourg. renvoyer vers le SDEL

Augmenter le nombre des pôles ? Si on a pris la peine de prendre connaissance de la méthodologie, on comprend que cela déforce l’ensemble à terme. Un pôle de plus, ce sont des services, équipements etc qui ne vont pas dans les pôles proches. Or plusieurs pôles secondaires du SDER sont déjà sur-classés par rapport à la réalité de leur rayonnement (mais néanmoins repris afin d’éviter des déserts de pôles en province de Luxembourg et en zones rurales d’une façon générale). Ils doivent être renforcés et pas déforcés.

Virton en pole principal : je peux vous rejoindre effectivement : commune de 12000 hab. (comme Libramont), accueillant une population estudiantine importante, des écoles supérieures, une gare ouverte sur le Grand-Duché, etc, . Développer.Mais Aubange ! C’est loin d’être une commune qui rayonne beaucoup. Elle n’a pas la carrure pour être pôle secondaire. Alors comme pole principal…je m’interroge d’autant plus qu’implicitement, Aubange en tant que pôle principal, cela crée un nouveau bassin de vie. Et met Arlon, que l’on veut en pôle majeur, dans un minuscule bassin de vie. Est-ce vraiment cela que l’on veut ?

Le tourisme.

Je vous rejoindrai sur un seul point dans votre analyse : le document manque de clarté par rapport aux critères pour déterminer un pôle majeur touristique, un pôle touristique en encore un point d’appui. Les critères sont absents du document.

Premier critère (hiérarchie), concernant les 5 pôles majeurs touristiques.

Le SDER se fait l’écho du plan « Destination 2015 » piloté par le Ministre Furlan en début de législature. En décidant de 5 pôles majeurs touristiques (Charleroi, Liège, Namur, Mons et Tournai), cette imposition sans explication est simplement maladroite et vexatoire ignorant complètement les atouts touristiques de notre province.

Cette dénomination de pôle majeur touristique ( à prononcer dans l’ordre, il faut d’abord être un pôle majeur avant d’être un Pôle majeur touristique ) ne concerne que les villes qui sont destinées à être prioritaires dans la promotion touristique des villes uniquement.

Majeur ne renvoie donc pas au fait que le pôle disposerait d’une quantité majeure de places d’hébergement ou serait tout à fait exceptionnel.

Je vous renvoie donc au plan Destination 2015 de Paul Furlan qui à l’époque ne vous a pas fait réagir … je n’ai entendu personne réclamer un pôle majeur touristique en province de Luxembourg. A vous de faire votre introspection si vous avez laissé passer quelque chose Mr Le Député en charge du Tourisme.

Deuxième critère (hiérarchie), concernant les pôles touristiques.

Vous l’aurez compris, il faut d’abord être un pôle pour être un pôle touristique

et /ou identifiés comme une « porte d’entrée » dans le cadre des massifs forestiers (je vous renvoie une fois de plus au plan Destination 2015 de Paul Furlan)

et/ou être un pôle présentant un patrimoine UNESCO (aucun dans la province)

et offrir une capacité d’hébergement supérieur à 1000 places

Arlon, Bastogne, Bertrix, Bouillon, Durbuy, Florenville, La Roche-en-Ardenne, Marche, Neufchâteau, Vielsalm et Virton. (¼ est un pôle touristique dans notre province).

Troisième critère, concernant les points d’appui.

Offrir une importante capacité d’hébergement supérieure à 1000 places

et/ou identifiés comme une « porte d’entrée » dans le cadre des massifs forestiers. Daverdisse, Jalhay, Hotton, Houffalize, Libin, Manhay, St Hubert, Tellin. J’ai lu aussi que vous aimeriez inclure l’Euro-Space center (avec le War museum) dans la liste des équipements touristiques et de loisir au rayonnement important. Le critère pour ce faire est un nombre de visites supérieur à 200 000 visiteurs par an.

J’ai repris les fréquentations des attractions en Wallonie pour l’année 2012 :

 Le château-fort de Bouillon est le premier site le plus fréquenté (environ 150 000 visiteurs par an

- L’abbaye d’Orval (< à 100 000 visiteurs) 
- Les ruines du Château féodal de La Roche (idem) 
- L’euro space center arrive péniblement en 4ième position avec une fréquentation < à 50 000 visiteurs !

Mr le Député provincial nous prouve qu’il y a encore beaucoup de pain sur la planche et que nous devons travailler pour améliorer la fréquentation de nos sites touristiques. Et si nous devions réclamer une reconnaissance d’une attraction à rayonnement important, c’est bien le site de Bouillon que nous devrions défendre.

Je vous inviterai donc Mr Le Député en charge du Tourisme à ne pas confondre deux documents, SDER et plan Destination 2015, qui n’ont pas le même objectif. Je vous renvoie donc vers le Ministre Furlan et son plan Destination 2015 et à sa lecture, vous verrez que le Luxembourg n’est pas oublié.

Conclusion.

Le SDER est un aboutissement, il a valeur d’orientation.

Le coDT, approuvé au gouvernement, aura valeur réglementaire.

Je regrette que l’on ne puisse aborder de manière sereine les débats de prospective dans notre province sans rentrer dans une bataille d’ego.

J’ai noté un changement de rhétorique lors de la présentation du document d’Idélux en commission. Fabian Collard a souligné l’intérêt du SDER et a souscrit à ses objectifs. Je m’en réjouis car c’est un tout autre discours que celui qui consiste à inviter les communes à voter benoitement contre.

Je l’ai dit, je peux rejoindre un certain nombre de remarques constructives émises par l’intercommunale et je suis confiante dans le fait qu’elles seront dûment étudiées par le Gouvernement wallon pour améliorer le SDER.

Je regrette toutefois que ces propositions utiles d’Idélux s’accompagnent d’autres, nettement moins valables. Cela déforce l’exercice entrepris.

Le rôle du politique, c’est d’orienter les choix futurs vers l’intérêt général. C’est le sens de toute politique publique, surtout lorsqu’elle est planificatrice. Le SDER vise les évolutions futures.

Caricature pas si caricaturale : je vais m’installer au sommet d’une colline, je m’isole, j’ai une vue merveilleuse, je construis base énergie et après j’exige des pouvoirs publics qu’ils m’installent le gaz de ville, internet, la 4G et qu’ils organisent les transports en commun pour que mon enfant puisse aller à ses activités après l’école…

Je vous invite à étudier ce qui se fait aux Pays-bas ou au Danemark, où il y a une tradition planificatrice très stricte. Et pourtant ces pays ne sont pas des manches en terme de développement touristique ni économique, l’économie de marché y fonctionne bien. L’entrepreneuriat n’est pas obstrué par la planification.

Le vrai mobile anti-SDER, c’est une logique de concurrence territorial : chaque commune veut plus d’habitants, plus de zoning industriel, pour avoir, soi-disant, plus de recettes ou par prestige. Cette position ne surprend pas, elle est même naturelle (bien qu’égoïste). Ce qui est plus décevant, c’est que les instances supra-communales soient dans la même logique, mais cela démontre que les instances supra-communales, Idelux et la Province, sont dirigées par des leaders aux réflexes bien locaux.