Discours du groupe Ecolo avant le vote du budget provincial
Le moins que l’on puisse dire est que nous sommes déçus. Nous espérions que la majorité définisse un horizon pour les six années à venir, des lignes de conduite, des objectifs pour « une province moderne, dynamique, exemplaire, ouverte aux changements… ». Nous n’en percevons même pas l’ombre d’un contour. Il n’y a qu’une succession de promesses.
Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire à maintes reprises, Ecolo Luxembourg croit dans une action provinciale, à condition que celle-ci s’inscrive dans la perspective que vous dressez vous-même : « un instrument au service d’un véritable projet pour les années à venir ». C’est votre intention, dites vous, hélas, le projet pour les années à venir est le grand absent dans vos déclarations.
Ce constat, nous ne sommes pas les seuls à le faire ; nous le lisons aussi dans les colonnes d’un journal qui vient de fêter son 125e anniversaire et évoque « une macédoine de projets servie tous azimuts sans beaucoup de données concrètes ».
La province a un rôle à tenir entre nos 44 communes et les autres niveaux de pouvoir. Ce rôle nous semble essentiel et – sur le principe- justifier à lui seul l’impôt payé par les citoyens. Le Luxembourg n’est pas le Hainaut (fort à la mode), ni Liège. Pas même Namur. A territoire différent, problématiques différentes et politiques différentiées.
La Province est suffisamment proche du territoire pour mener des actions correctrices, ciblées, face aux problèmes particuliers vécus par les citoyens tout en permettant de jouer pleinement de la solidarité, de la rencontre des bonnes idées, de la coalition des forces et des économies d’échelle…
La Province est aussi l’interface où nos communes doivent trouver un soutien, un lieu de dialogue et de concertation, un niveau de solidarité pour mener une action conjointe au service du citoyen. La province doit aussi être un lieu d’impulsion privilégié. En cela je salue la création du Fond d’impulsion qui est sans doute l’action la plus innovante posée par le Collège. Mais qui ne date pas de cette législature.
Bien sûr la Province mène des actions. Et je le redis une fois encore, ce n’est pas cet aspect que je conteste. Mais quels sont, derrière ces actions et un certain saupoudrage, le moteur et le projet politiques ?
Aucun objectif évaluable n’est pointé, aucune hiérarchie dans les actions. Et dans un pareil exercice, si tout est important, rien n’est important !
Je voudrais revenir un instant sur le budget. Sous des dehors voulus rassurants, ce budget est, dans notre analyse, plus difficile qu’il n’y parait. Même si certaines échéances, notamment en ce qui concerne les charges de personnel sont reportées à plus tard. C’est alors que l’absence de perspective, l’absence de choix se fera sentir plus cruellement encore. Parce que, comme pour ce qui concerne la réforme des provinces, notre institution doit anticiper, prendre les devants dans sa réflexion pour ne pas se laisser dicter sa politique par le budget.
Le cadre est fixé. Et comme vous le dites très justement, « nous ne pouvons subir cette réforme passivement, voire nous en plaindre sans résultat. » Mais encore ???
Cette réforme nous pouvons, dites-vous, l’utiliser comme un instrument au service d’un véritable projet pour les années à venir. » Lequel ?
Le bien-fondé de l’action provinciale ne s’impose plus par l’évidence. La question qui doit mener notre action est celle de la plus-value. Et la plus-value provinciale ne se résume pas seulement à des montants inscrits dans un budget.
Comment pouvez-vous imaginer que les citoyens s’identifient à une institution si vous êtes incapables de la définir ?
Il y a six ans, votre majorité nous proposait « un devoir d’avenir ». Ecolo laissait au Collège six années pour prendre les virages nécessaires. Et en particulier pour aborder de façon pro-active la réforme des provinces qui se profilait. Six ans après, les virages n’ont pas été négociés on louvoie à la petite semaine. Bien sur, le Collège et le Conseil ont été réformés par la loi. L’injonction wallonne est claire : il faut faire mieux avec moins de moyens ! Raison de plus pour savoir où l’on va. Pour démontrer la « capacité d’adaptation de la Province au monde qui l’entoure ». Un monde qui change… Ce monde qui change, cette architecture intentionnelle qui bouleverse la tradition appelle aussi un changement dans les mentalités, dans la conception même et l’approche de l’action de la Province. Cet exercice vous ne voulez pas le faire.
Le Collège aligne les intentions et les actions sans jamais s’aventurer vers des objectifs opérationnels, quantifiables et évaluables. Au lieu de cela, toute la déclaration est ponctuée de « réellement », « plus encore », « plus que jamais » et de « vraiment » ( !). Aurions-nous changé récemment de majorité ?
Pour conclure…
Thérèse Mahy parlait de l’inaccessible étoile en évoquant le voeu pieux d’atteindre les recettes espérées par le Service technique. Ce qui me vient à l’esprit après lecture de votre note de politique générale c’est un autre extrait de Jacques Brel, celui qui promet « infiniment de brumes à venir.”