Question de Madame Brigitte Pétré relative au financement du nouveau bâtiment et de l’équipement de TVLux par la Fédération Wallonie-Bruxelles
Lors de l’assemblée générale de TVLUX, le 02 avril dernier, le point a été fait sur l’état d’avancement du financement du projet de nouveau bâtiment. Ce nouveau bâtiment est considéré comme indispensable par tous, tant les conditions de travail et surtout de sécurité sont mauvaises au 29 de la rue Haynol.
Un dossier de demande de principe avait été introduit à la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) en septembre 2011. Un premier avis favorable de la Commission infrastructures culturelles avait été rendu pour un montant théorique de 3.2 millions €.
L’Administration de la FWB a fait savoir que tous les investissements 2012-2013 sont gelés et que les subsides ne seront pas indexés.
Le Président et le Directeur de TVLUX ont rencontré la Ministre Laanan le 29 mars dernier et évoqué ce dossier. La Ministre a confirmé la position de son Administration selon laquelle rien ne pouvait être accordé pour la construction avant 2015. Elle n’a guère été optimiste sur la question de l’équipement.
Si l’on entend bien que la FWB a une capacité financière réduite, diverses aides ont néanmoins été apportées par celle-ci à des télévisions locales lors du dernier semestre 2011.
Télé Bruxelles a obtenu une subvention complémentaire de fonctionnement de maximum 30.000 € / an pour financer une partie des coûts techniques de diffusion de Télé Bxl sur la TNT ;
Télésambre-RTBF a reçu une contribution au financement des équipements dans le cadre du projet de nouveau locaux d’1.000.000 € ;
un montant de 360.000 euros a été attribué à Télévesdre pour le volet “équipements”.
Ces informations donnent la désagréable impression que certaines télévisions locales ont été considérablement aidées alors que TV Lux semble oubliée.
Qu’en sera-t-il des projets de nouveau bâtiment et d’équipement ? Sont-ils en péril ?
Tous les relais ont-ils été activés ? Que compte faire le Député à la culture pour aider TVLux dans ce dossier ?
Merci pour votre réponse.
Pour ECOLO
Brigitte Pétré
Réponse
Monsieur GREISCH, Député provincial, répond à la question à la tribune. Madame la Conseillère, chère Brigitte,
Je vous remercie pour votre question formulée en des termes courtois et avec l’élégance qui vous caractérise. Nous n’avons ni l’un ni l’autre l’habitude de « faire dans la caricature ». Certes ! Mais je ne peux, toutefois, que me montrer étonné que vous demandiez au député provincial s’il a bien « je cite », actionné tous les leviers dans ce dossier auprès de la Ministre de la Culture.
Cela signifie donc que vous reconnaissez implicitement l’utilité pour des mandataires membres d’un exécutif de faire partie d’un C.A. d’une télévision locale, alors même que le parti ECOLO a ferraillé en commission et au Parlement de la Communauté française pour qu’après les prochaines élections communales et provinciales les membres des Parlements (européen, sénat, chambre, régionaux et Communauté française) ainsi que des collèges provinciaux et communaux soient exclus des C.A. desdites télévisions locales. Vous vouliez même en exclure les gouverneurs dans un premier avant-projet…
Soit.
Dans votre question, comme dans celle que vous m’avez posée lors du dernier conseil provincial, je sens aussi que vous aimeriez me pousser à dire tout haut ce que je pense de la Communauté française, devenue Fédération Wallonie-Bruxelles.
Bien !
J’ai la ferme conviction qu’une réforme institutionnelle juste et équitable de notre pays, qui veut réduire les provinces à une portion congrue, n’est pas concevable sans une réforme en profondeur de la Communauté française (Fédération Wallonie Bruxelles).
Certes, le lien entre la Région bruxelloise et le Région wallonne doit être fort et indéfectible ! Et ce lien doit avoir un fondement structurel sur le plan économique tout autant que sur celui des matières personnalisables. Mais confier la gestion, la politique des matières personnalisables à un niveau de pouvoir (la C.F. ou F.W.B.) qui n’a pas de pouvoir électif et fiscal est suicidaire, à terme.
Et le combat à mener pour les provinces (quelle que soit leur dénomination demain) c’est celui de conserver leur pouvoir électif et fiscal. Enfin, comme nous l’avons entendu ce matin, les compétences des provinces sont majoritairement celles que gère la Communauté française (F.W.B.). La réforme des provinces et celle de la Fédération Wallonie Bruxelles sont donc indissociables et devraient être mises en chantier simultanément.
Quelques considérations maintenant sur la saga du futur bâtiment de TV Lux.
Tout le monde s’accorde dans cette assemblée pour reconnaître que notre TV locale, TV Lux, doit être logée à meilleure enseigne : les locaux sont exiguës, la sécurité est limite, les conditions de travail ne sont pas bonnes. Et je tiens à remercier le Président, Monsieur le Gouverneur Bernard Caprasse, d’avoir tiré la sonnette d’alarme dès 2008 en lançant le projet de construction d’un nouveau bâtiment.
Je n’ai toutefois pas le sentiment que la Province de Luxembourg ait été écartée de toute possibilité de subventionnement de sa télévision locale, en l’occurrence de TV Lux.
Le problème, c’est que le dossier arrive à un mauvais moment dans le « pipeline », comme on dit.
C’est, que l’on veuille voir la réalité en face ou non, une question de MOMENTUM. Un concours de circonstances que je vais analyser. Et, s’il fallait chercher à tout prix des causes, des responsabilités, je dirais qu’elles sont selon moi, partagées et explicables. ——
Tout d’abord, le temps mis à obtenir de Sofilux une décision de participation au financement, alors que dès le 22 octobre 2008 les 4 présidents de parti avaient marqué leur accord sur le montant financier de 900.000€ et s’étaient engagés à convaincre les Communes à accepter cette participation financière.
Pour rappel, le Conseil provincial a voté un montant de 500.000€ en date du 24 octobre 2008.
Pour rappel aussi, la Commune de Libramont a mis à disposition un terrain à côté du Centre Culturel et de la Bibliothèque et, en sus, un montant de 500.000€.
Pour rappel encore, Monsieur le Gouverneur et moi-même avons rencontré l’administrateur-délégué de la RTBF, le 2 juin 2008. La RTBF s’est montrée intéressée par ledit projet et dans un courrier daté du 17 avril 2009 précisait au Président de TV Lux que la RTBF dégagerait 110.000€ pour le co-financement de surfaces nécessaires à leurs besoins (radio), demandant un avant-projet architectural, un programme des investissements et une planification des travaux.
M. Le Gouverneur et moi-même avons rencontré le directeur de Cabinet adjoint de la Ministre Laanan, M. Dominique Vosters en septembre 2008, donc sous la précédente législature. Ce dernier nous a précisé la marche à suivre pour émarger aux subsides de la Communauté française.
Le 27 avril 2009 le C.A. de TV Lux désigne M. Pascal Belpaire comme Directeur de TV Lux.
Un petit hiatus de quelques mois pendant lesquels nous discutons du choix du terrain et essayons de convaincre Sofilux.
Le 22 septembre 2010 l’avant-projet est présenté à SOFILUX.
Le 16 décembre 2010 SOFILUX nous signifie ses réticences pour ne pas dire son refus. — Le 19 janvier 2011 un courrier avec contre-argumentaire est envoyé à SOFILUX et le 14 juin SOFILUX confirme, enfin, son engagement à hauteur de 900.000€.
En septembre 2011, un dossier de demande de principe sur la construction des nouveaux locaux de TV Lux au sein du « Pôle culturel » de Libramont est envoyé à la Communauté française, conjointement par TV Lux et Sofilux. Accusé de réception du Cabinet le 19/9/2011 et de la Ministre le 28/9/2011.
En février 2012, M. Pascal Belpaire, Directeur de TV Lux nous informe qu’il a appris que la Commission des infrastructures culturelles a examiné ce dossier, recommandant un subventionnement à concurrence de 3,2 millions !
Mon collègue Daniel Ledent me demande de m’informer auprès du Cabinet de la Ministre dans la foulée de mon intervention au sujet de la reconnaissance des musées du Fourneau Saint-Michel, le 15 février 2012. Le Directeur de Cabinet, M. Gilles Doutrelepont, qui me reçoit me dit, document à l’appui, que le contexte financier actuel de la Fédération Wallonie Bruxelles rend cette recommandation de l’administration irréaliste et qu’au moment où les cordons de la bourse ont été déliés une dernière fois en automne 2011, le dossier TV Lux n’était pas finalisé. Il me conseille de demander au Directeur et Président de TV Lux de fournir au Cabinet un montage complet et un échéancier de travaux.
Ce qu’ils ont fait en date du 29 mars pour s’entendre dire que rien ne pouvait être accordé pour la construction avant la prochaine législature.
Interrogé par mes soins, le Cabinet de la Ministre Laanan me fait savoir qu’en ce qui concerne les autres télévisions locales, je peux vous apporter les réponses suivantes :
1. TV Lux a bénéficié, par le passé, de subventions de la FWB et n’a donc en aucune manière été « oubliée ».
2. Pour rappel, TV Lux a perçu en 2010 une aide en équipement de 86.750 EUR.
3. Dans le cadre de la réforme du financement et des missions des télévisions locales, la subvention de TV Lux est passée de 314.000 EUR en 2010 à 388.000 EUR en 2011 (soit une progression de 23 % !). La subvention théorique projetée pour 2012 s’élève à environ 407.000 EUR (soit une progression de près de 5% par rapport à 2011 et près de 20% par rapport à 2010).
4. Il convient de rajouter que Télé-Bruxelles est la seule télévision locale à diffuser par voie hertzienne (outre le câble). Cette diffusion hertzienne est indispensable pour couvrir les communes de la périphérie bruxelloise, situées en Flandre. Suite à l’évolution des technologies, il faut remplacer la diffusion hertzienne analogique par la diffusion hertzienne numérique. Le coût de cette mutation s’élève à 30.000 EUR. Cette somme fait l’objet d’une convention spécifique avec Télé-Bruxelles. J’ose espérer que le Groupe ECOLO ne souhaite pas que la FWB coupe les émetteurs de Télé-Bruxelles à destination des francophones de la périphérie…
5. Télésambre a construit un projet avec la RTBF. La FWB a accepté d’intervenir à concurrence de 200.000 EUR par an pendant 5 ans dans ce projet commun, en partenariat avec la RTBF, la Région wallonne, la Ville de Charleroi. Le projet date de 2002 : il s’inscrit dans le cadre du Plan Magellan de la RTBF et en raison de la situation économique, il n’a trouvé à se réaliser que maintenant.
6. Télévesdre a perçu, pour la première fois de son existence depuis 1989, un soutien en équipement. La somme évoquée couvre à la fois l’intervention pour le centre culturel de Dison et les studios de Télévesdre.
La Ministre me confirme le gel des investissements en infrastructures culturelles. Ce gel est la conséquence des mesures d’économies adoptées, d’une part, par les présidents de parti lors de la formation du Gouvernement en 2009 (réduction de 2,5 millions des crédits d’infrastructures) et, d’autre part, par le Gouvernement de la Fédération Wallonie- Bruxelles suite à l’évolution économique et à la dégradation du cadre budgétaire. Il peut être utile de rappeler qu’ECOLO participe au Gouvernement et a accepté ces réductions.
Voilà où nous en sommes.
En résumé, plusieurs mois ont été perdus à attendre un engagement définitif de Sofilux, alors que l’accord politique avait été obtenu dès octobre 2008. –
Lors de la présentation du dossier à la Communauté française, à l’automne dernier, il était déjà, à mon estime, trop tard pour obtenir une aide en 2012.
Et de surcroît, les importantes restrictions budgétaires imposées à la Communauté Française à l’issue des négociations pour la constitution du Gouvernement fédéral qui a demandé aux entités fédérées (Régions et Communautés) de faire des économies, qui se sont donc révélées drastiques. Il semble malheureusement que ces budgets ne sont pas prêts d’être revus, du moins pas avant l’échéance de 2014. A moins que…
Conservons l’espoir d’obtenir une aide tout à fait légitime de la Fédération Wallonie Bruxelles et dans l’intervalle, cherchons des alternatives, comme l’a annoncé Monsieur le Gouverneur lors du dernier C.A. de TV Lux.