Monsieur le Député,

En février dernier, je vous interrogeais quant à l’opportunité d’une initiative provinciale et faveur de la création d’un abattoir pour le Nord de la Province de Luxembourg.

Vous me répondiez qu’une étude confiée à la SOGEPA par le Gouvernement wallon était en cours et qu’il y avait lieu d’en attendre les conclusions.

J’ai pu obtenir cette étude et elle n’est pas rassurante pour le développement de filières de proximité, en particulier de l’abattage, dans le secteur de la viande porcine.

En effet, les chiffres nous montrent que, même si la taille des abattoirs wallons se situe sous la moyenne européenne, ce sont quand même les grosses structures qui se taillent de plus en plus la part du lion.

En 1995, 36% des abattages se faisaient dans des structures qui abattaient moins de 300.000 porcs par an. En 2006, la part de marché de ces structures n’est plus que de 25%, laissant 75% du marché aux grosses structures de plus de 300.000 porcs par an.

Au niveau des abattoirs publics, voici, pour 2009, la répartition des abattages pour la RW :

 Abattoir communal d’Aubel : 534.042

 Interco Abattoirs de Liège : 191.406

 Abattoir communal de Ath : 4.704

 Abattoir communal de Gedinne : 2.521

 Aimac-Interco de Chimay : 767

 Abattoir communal de Virton : 214

Ajoutons l’abattoir Porc Qualité Ardennes de Malmedy, privé, mais utilisé par les éleveurs du Nord de la Province : 41.180

Un seul abattoir de porcs public dans la province ; à ma connaissance un seul abattoir privé à Paliseul qui a résisté à ce jour à la mise aux normes européennes et des distances non négligeables pour atteindre les autres abattoirs wallons, hormis celui de Gedinne pour les communes du Sud de la Province.

Le rapport SOGEPA observe la détérioration de la santé financière des grandes entreprises wallonnes dans le secteur de la viande porcine, soumise à grande concurrence internationale, tout en relevant qu’il existe aussi des TPE travaillant sur des marchés de niche et ne mobilisant pas beaucoup d’investissements mais qui enregistrent des résultats relativement honorables.

Il conclut à la nécessité de concentration des métiers d’abattage et de découpe pour atteindre une masse critique et favoriser la rationalisation des outils, le manque de compétitivité des entreprises étant largement tributaire des structures d’abattage.

N’y a-t-il pas là contradiction ?

Nous avons d’une part un secteur de production « de masse », à faible valeur qualitative ajoutée, qui se porte mal du fait de la concurrence mondiale et repose principalement sur de grosses structures concentrées, situées loin de notre province (Aubel, Liège, Mouscron et surtout la Flandre qui compte les six plus gros abattoirs belges).

Et par ailleurs, des marchés de niche, à forte valeur ajoutée, qui jusqu’il y a peu reposaient tant bien que mal sur de petites structures de transformation de proximité, peu couteuses, efficaces et porteuses d’une indéniable plus-value locale, mais qui sont aujourd’hui en grande difficulté pour l’abattage de leur cheptel.

Monsieur le Député peut-il me dire :

 Quelle analyse il fait du rapport de la SOGEPA ?

 Si les objectifs politiques de la province vont plutôt vers la confirmation de la concentration en quelques grosses structures ou vers la recherche de solutions de proximité, y compris, pourquoi pas, les solutions d’abattoirs mobiles ?

 Quelle analyse de la couverture du territoire il fait au vu des implantations d’abattage actuelles ?

 Quelles sont les capacités projetées de l’abattoir de Virton, le faible nombre de porcs abattus en 2009 étant probablement lié aux travaux en cours ?

En vous remerciant d’avance pour votre réponse et les éventuelles pistes offertes à nos agriculteurs,

Pour le groupe Ecolo,

Christina Dewart