Eviter les courts-circuits. Comment promouvoir les circuits courts producteurs-consommateurs ?

Publié le 22 mars 2010
Rédigé par 
luxembourg

Mardi 23 mars « Eviter les courts-circuits. Comment promouvoir les circuits courts producteurs-consommateurs ? » La rencontre – débat mettait en dialogue des élus Ecolo (Isabelle Durant, Députée européenne, Patrick Dupriez, Député wallon, Christina Dewart, Conseillère provinciale) et des producteurs : Christine Ansay, agricultrice bio à Orgeo, André Grevisse de Biovallée et Peter De Cock, le Berger d’Acremont.

Croiser propositions politiques et expériences de terrain, tel était l’objectif d’une rencontre organisée dernièrement par le groupe local Ecolo de Bertrix. Celle-ci a permis à trois agriculteurs-paysans de faire part du cheminement qui les a conduits un jour à chercher une autre façon de produire, à rompre avec les habitudes, à se lancer sur une voie nouvelle mais difficile.

Peter de Cock témoigne : « Si je suis toujours là, c’est à force de persévérance et d’opiniâtreté… Grâce aussi à mon entourage qui n’a pas lâché prise ». Arrivé à Bertrix avec 8 brebis belges, le berger d’Acremont est aujourd’hui à la tête du plus grand troupeau de Wallonie. Et d’une gamme de pas moins de vingt fromages différents, tous vendus sans intermédiaire, sur les marchés ou à la bergerie. Pari tenu aussi par Christine Ansay, agricultrice bio à Orgeo qui écoule elle-même deux-tiers de sa production laitière ou encore par André Grevisse, confronté à une reconversion « indispensable » qui s’inscrit lui aussi à 100% dans la vente directe au consommateur. Face à ces « success stories », comment expliquer les crises que traverse l’activité agricole, encore récemment mise en évidence par la crise du lait qui a aussi sévèrement touché nos agriculteurs ?

C’est que « la politique agricole vise avant tout un marché industrialisé et mondial. Elle fragilise les producteurs du Sud, inondés de produits d’ailleurs comme les agriculteurs d’ici, qui sont mis en concurrence avec le monde entier », précise Isabelle Durant. La Vice-présidente du Parlement européen s’interroge : « La véritable vocation de l’agriculture n’est elle pas avant tout de nourrir nos populations ? Ce n’est pas une activité commerciale comme les autres : elle a une plus noble vocation ».

La filière courte, qu’il s’agisse de vente directe ou d’autres actions évoquées dans le débat, comme les « grosses légumes » autour de l’Epicentre de Meix, permet de revaloriser le travail du producteur et du transformateur. Elle développe à la fois les savoir-faire et assure un revenu meilleur et bien mérité aux différents intervenants. Au consommateur, elle apporte le plaisir du goût et la qualité de l’alimentation.

Pourtant, si la demande existe bel et bien, si l’agriculture paysanne révèle un grand dynamisme dont témoignent diverses initiatives lancées ici et là, en définitive, peu d’agriculteurs wallons s’inscrivent dans de pareilles filières. Ainsi, rappelle Christina Dewart, conseillère provinciale Ecolo, le Porc qualité Ardenne trouve difficilement de nouveaux adhérents pour satisfaire une demande croissante. Les freins ne manquent pas : poids des habitudes, peu de possibilités de formation, grande difficulté de trouver des terres pour les jeunes qui veulent se lancer, une recherche axée sur les méthodes traditionnelles, peu de soutien public…

Pour Patrick Dupriez, député wallon, cette difficulté trouve son origine dans « un manque de courage et d’action politique pour réorienter massivement les moyens publics, humains et financiers, vers les nouveaux modes de production et de commercialisation. C’est désormais une priorité pour le gouvernement wallon mais il faut aussi avancer aux autres niveaux : fédéral, européen », indique-t-il. Un exemple ? « La Région wallonne affecte d’important moyens de financement à la promotion de produits wallons. Ces campagnes devraient aussi informer le consommateur sur ce qu’il achète, soutenir la qualité différenciée. En effet, il y a le bio mais pas seulement le bio. Il faut aussi soutenir la démarche de très nombreux agriculteurs qui cherchent à évoluer vers une qualité meilleure sans pour autant vouloir ou pouvoir rompre du jour au lendemain avec les habitudes. Ceux-là méritent aussi plus d’intérêt ».

Sur le plan local, une proposition de la conseillère Ecolo Sylvie Navarre déposée au prochain Conseil communal de ce jeudi 25 mars s’inscrit dans le droit fil de la rencontre. Elle demande aux édiles locales de s’engager à rapprocher producteur et consommateur. La proposition vise à réaliser une part des achats alimentaires pour la cuisine du CPAS auprès de producteurs locaux.