S’allier pour maintenir l’eau dans le giron communal. Ecolo Luxembourg soutient pleinement la démarche.

Publié le 4 mars 2012
Rédigé par 
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A l’initiative de la Bourgmestre de Libin, les 22 communes luxembourgeoises encore propriétaires de leur réseau d’eau vont se réunir le 8 mars prochain pour envisager ensemble les pistes qui leur permettront de continuer à fournir à leurs citoyens de l’eau de qualité à un prix raisonnable.

A l’initiative de la Bourgmestre de Libin, les 22 communes luxembourgeoises encore propriétaires de leur réseau d’eau vont se réunir le 8 mars prochain pour envisager ensemble les pistes qui leur permettront de continuer à fournir à leurs citoyens de l’eau de qualité à un prix raisonnable.

La moitié des communes d’une province encore productrices et distributrices d’eau, c’est exceptionnel à l’échelle wallonne et reflète notre attachement à cette richesse naturelle qu’est l’eau. Mais les exigences légales tant au niveau de la qualité (analyses) que de la tarification (coût-vérité) ne leur facilitent pas la tâche. En se groupant, ces 22 communes pourraient atteindre une masse critique intéressante pour mutualiser certains services qui s’avèrent lourds pour chaque entité isolément.

Quels sont les avantages pour communes et citoyens de rester propriétaires de leur réseau d’eau ?

 La qualité gustative de l’eau

En général, les communes ne chlorent pas l’eau, sauf en cas de problème ponctuel. La SWDE, par contre, chlore systématiquement.

- Un service de proximité

Les villages sont desservis par le captage le plus proche, ce qui évite beaucoup de pertes sur le réseau et sensibilise les citoyens à la protection de la ressource. Les services communaux peuvent être prompts et efficaces en cas de problèmes.

- Maintien et protection de l’ensemble des captages, y compris les plus petits

Le danger, en cas de cession à la SWDE, est de voir cette grosse entreprise rationaliser ses sources d’approvisionnement et fermer les petits captages pour ne conserver que les plus gros, les plus rentables. Or, un captage qui n’est plus en activité ne sera plus protégé, alors que nous en aurons peut-être besoin en période de sécheresse.

- Vision globale de la gestion de l’eau

Une commune responsable de son réseau d’eau aura une attitude responsable dans sa politique agricole (limitation des nitrates), dans sa gestion des bords de routes et espaces verts (alternative aux pesticides), dans sa gestion forestière (limiter l’enrésinement), ou dans toute autre politique pouvant avoir des conséquences sur la qualité de l’eau de distribution.

- Rester maître d’une des grandes richesses naturelles de notre territoire

Faut-il perdre encore un des leviers d’une politique de proximité, proche du citoyen qui ne s’y trompe pas quand il plébiscite le maintien d’une eau communale. Camille Gira, bourgmestre de Beckerich, a fait de l’eau une des sources de revenus de la municipalité en gardant des parts dans l’entreprise qui commercialise l’eau de Beckerich.

Quelles sont les difficultés que rencontrent les communes pour garder leur eau et quels services peuvent-elles attendre de l’AIVE ?

- Le coût-vérité

Les communes qui ont cédé leur réseau à la SWDE l’ont souvent fait pour des raisons budgétaires face au coût important de remise en état des canalisations. L’AIVE propose aux communes la réalisation d’un audit et d’un plan d’investissements pluriannuel qui permet d’échelonner les dépenses pour qu’elles restent acceptables pour les communes et les citoyens. La commune de Meix-devant-Virton a décidé de commercialiser une partie de son eau dans le nord de la France, ce qui lui assure des rentrées financières compensatoires. De façon plus générale, Ecolo a toujours plaidé pour une tarification progressive et solidaire de l’eau proposant les premiers M3 à bas prix, les suivants à prix moyen et les M3 dépassant la consommation moyenne à prix plus élevé, de façon à offrir à tous les citoyens un accès à l’eau à un prix raisonnable pour peu qu’il ait une consommation raisonnable.

Le coût vérité exige aussi la mise en place d’une comptabilité analytique pour laquelle l’AIVE propose également des services spécifiques.

- Les exigences légales en matière de qualité de l’eau et d’information du citoyen

Les producteurs et distributeurs d’eau doivent faire faire des analyses régulières de l’eau de distribution et informer le citoyen des résultats de ces analyses, ce qui est en soi une bonne chose. Mais ces exigences sont plus faciles à rencontrer pour un gros producteur que pour nos communes. D’où l’intérêt de se grouper pour pouvoir, par exemple, lancer un marché groupé auprès de laboratoires d’analyse, comme la province l’a proposé aux communes pour l’électricité et la téléphonie. L’AIVE pourrait servir de catalyseur à cette démarche.

L’AIVE peut également apporter son soutien aux communes pour rencontrer les exigences légales en matière de protection des captages.

Les 22 communes encore productrices et distributrices et leurs citoyens tiennent beaucoup à rester propriétaires de leur réseau. Cinq communes gaumaises se sont déjà groupées pour être plus fortes. A 22, elles pèseront plus encore. Avec l’aide technique de l’AIVE, elles devraient pouvoir garder dans leur giron cet or bleu qui deviendra de plus en plus précieux. Ecolo Luxembourg soutient pleinement cette démarche.

Notre province est riche des ses ressources naturelles, gardons en la maîtrise !

Christina Dewart, Conseillère provinciale Observatrice AIVE

Frédéric Moïs, Secrétaire provincial,