Proposition faite par Jean-Philippe Florent en matière d'utilisation de logiciels libres et TIC au conseil provincial du 25 avril

Carte des creative hotspots: aucun en province de Luxembourg
Publié le 30 avril 2014
Rédigé par 
luxembourg

Question à Madame Mahy, Députée en charge du Service informatique et à Monsieur Collin, Député en charge du pôle économie, à propos de la promotion des logiciels libres et des TIC pour une province créative basée sur le partage des connaissances

 

Madame la Députée, Monsieur le Député,

Tous les acteurs de notre province qu’ils soient économiques, politiques, associatifs, culturels… et bien sûr nos concitoyens sont concernés par la révolution numérique qui est en cours. Les bénéfices que notre société peut en retirer sont innombrables mais il est essentiel que les pouvoirs publics accompagnent et régulent cette économie numérique.

Plusieurs éléments sont à la base de ma question et je voudrais les développer succinctement :

 

  • L’étude Lepur présentée en juin 2013 au forum de Reseaulux a mis en lumière un réel déficit du secteur des technologies de l’information et de la communication en province de Luxembourg. Sans surprise, le secteur du bois, le tourisme, l’agriculture… font partie de nos atouts. Mais le professeur Bianchet n’a pas manqué de souligner un développement particulièrement faible des TIC.
  • Chaque jour, 28.000 travailleurs de la province traversent la frontière luxembourgeoise pour rejoindre leur lieu de travail. Les secteurs financier, industriel et informatique sont les fers de lance du dynamisme luxembourgeois. La province de Luxembourg, profite d’un effet d’aubaine sur l’emploi mais elle peine à installer sur son territoire une économie numérique. Le développement numérique du Grand-Duché ne doit rien au hasard: en 2008 le gouvernement luxembourgeois a consciemment et activement créé les conditions de l’émergence d’une économie du digital basée sur la généralisation du haut débit, le développement des compétences numériques et, il est vrai également, une politique fiscale avantageuse, qu’il serait illusoire de vouloir concurrencer. Aujourd’hui les experts du secteur reconnaissent que le pays jouit d’une image numérique nettement plus importante que sa taille géographique.
  • La Wallonie a décidé, elle aussi, de monter dans le train du numérique via son programme « Creative Wallonia » du plan Marshall 2.Vert. Les premières réalisations se concrétisent, comme les espaces de coworking: 8 espaces à ce jour sont labellisés « Creative Wallonia »; aucun en province de Luxembourg ou l’appel à projets “école numérique” qui a soutenu 28 écoles wallonnes, deux seulement dans notre province. Je pourrais multiplier les exemples, mais je pense que cette carte des « hotspots créatifs » parle d’elle-même:

 

 

  • Les logiciels libres se développent et convainquent de nombreux professionnels tant dans le privé que dans le public. Un exemple parmi d’autres: la Commission européenne, suite à une large étude de marché a décidé de miser pour son nouveau site web sur un système entièrement open source, initié par un belge.
  • La décision de Microsoft de cesser tout support à partir du 8 avril 2014 sur son système d’exploitation Windows XP toujours utilisé par beaucoup d’entreprises et de particuliers, montre à quel point la dépendance envers des logiciels fermés peut être pénalisante sur le long terme.
  • A Grenoble, la nouvelle majorité issue des dernières municipales, a nommé une adjointe en charge de l’accès à l’information et aux données publiques. La ville s’engage à rendre publiques ses données numériques (open data). Les habitants auront accès à tous les documents publics auxquels ont accès les élus. Grenoble s’est en outre engagée à développer l’usage des logiciels libres, gage d’indépendance budgétaire (le changement de logiciel est fonction du besoin du service et non du fournisseur) et de possibilités de développements informatiques locaux.

 

Ces divers éléments doivent nous inviter à la réflexion sur la manière d’utiliser et de développer les TIC en province de Luxembourg. Sans quoi, le train du numérique risque lui aussi de sauter les gares de notre province. Voici une série de mesures que notre institution pourrait envisager:

 

  • S’engager en tant qu’institution et administration à utiliser – lorsque cela répond aux nécessités du service – prioritairement des logiciels libres.
  • A l’instar de l’initiative « Province du commerce équitable » , notre institution ne pourrait-elle pas être le fer de lance d’une plateforme et d’une campagne à destination des communes, des PME et des écoles… pour promouvoir à la fois l’utilisation des logiciels libres et les innovations technologiques issues du numérique? L’initiative Lilux répond déjà en partie à cette proposition. Il s’agirait de l’amplifier et la généraliser.
  • Dans le cadre de la rencontre annuelle Lilux, lancer des appels à développement à destination des professionnels de la Province sur des thématiques qui touchent notre région: tourisme, bois, agriculture, alimentation et circuits courts…
  • Promouvoir l’e-commerce auprès des TPE et PME de la Province.
  • Promouvoir l’accessibilité des sites web (pour les personnes porteuses d’un handicap), et le respect de la confidentialité des données à caractère personnel – en commençant par le site web de notre institution.

 

Cette liste, non exhaustive, vous invite à engager notre province vers le développement d’une société de connaissances, basé sur l’ouverture des données.

Je vous remercie pour votre réponse.

Pour le groupe Ecolo,

Jean-Philippe Florent