Accident nucléaire: la Province de Luxembourg est moins préparée que le Grand-Duché de Luxembourg
Autour et à proximité de notre province, trois centrales nucléaires sont en activité : Tihange, Chooz et Cattenom. Tout comme le Grand-Duché de Luxembourg, nous sommes donc directement concernés par les questions de sécurité nucléaire et de santé.
Jean-Philippe Florent, a pointé du doigt lors du dernier conseil provincial la grande différence dans le traitement du risque d’accident nucléaire entre le Grand-Duché du Luxembourg et la Belgique, singulièrement la province de Luxembourg.
En effet, le mois d’octobre dernier, le gouvernement Grand-Ducal a décidé de mettre à jour son « plan Cattenom ». Dans ce cadre, en plus des mesures prévues par les services d’urgence, la population grand-ducale a été impliquée et informée.
Trois actions concrètes ont été mises en place afin d’informer, de sensibiliser et de préparer les citoyens à une éventuelle situation de crise :
1. mise en ligne d’un site d’information : http://www.infocrise.public.lu/fr/index.html
2. campagne de pré-distribution de comprimés d’iodure de potassium,
3. actualisation de la brochure Que faire en cas d’alerte nucléaire?
Concrètement, pour la population, le plan d’intervention d’urgence grand-ducal prévoit 4 mesures principales de prévention et de protection :
• la mise à l’abri ;
• la prise de comprimés d’iodure de potassium ;
• l’évacuation de la population ;
• les interdictions alimentaires.
Les autorités grand-ducales assurent en ce moment une distribution préventive de comprimés d’iodure de potassium à tous les résidents du pays sans exception. Les établissements scolaires et structures d’accueil pour enfants disposent de réserves de comprimés en cas de besoin. Les parents de chaque nouveau-né reçoivent une boîte de comprimés par enfant à la maternité. Par ailleurs, les autorités communales gardent en réserve une quantité suffisante de comprimés pour garantir une distribution supplémentaire en cas d’accident nucléaire.
Ces mesures préventives ne visent pas à alarmer inutilement le citoyen mais partent du constat qu’en cas d’un incident nucléaire grave, une réaction appropriée de la population est un gage essentiel pour réduire les conséquences sanitaires à long terme.
Chez nous, aucune information, aucune campagne n’a été proposée à la population de notre Province.
Sur le site du secrétariat général de la Fédération Wallonie Bruxelles, on peut voir que des plans similaires sont prévus autour des centrales de Doel, Tihange, Mol Dessel, Chooz (Fr) et Borssele (NL). En revanche, Cattenom, considéré comme trop éloigné de nos frontières nationales ne fait pas l’objet d’un tel suivi. Le territoire belge se trouve en dehors des zones respectives de planification d’urgence pour Cattenom.
Pourtant, notre territoire est à une trentaine de km de Cattenom à vol d’oiseau (Athus: 34km, Aubange: 35km, Arlon: 41km).
Les habitants de Clervaux, qui sont à plus de 70 km de la centrale, sont de facto mieux informés et mieux préparés à un incident majeur que ceux d’Athus qui se trouvent à moins de la moitié de la distance.
La Province est l’un des nombreux acteurs en matière de sécurité. L’une des compétences essentielles du Gouverneur consiste à la coordination des services de police et de sécurité civile et la mise en œuvre des plans d’urgence et d’intervention provinciaux.
Ne serait-il pas opportun d’adopter l’approche grand-ducale, d’informer les citoyens de notre province et de procéder à une campagne de pré-distribution de comprimés d’iodure de potassium ?
Comment pouvons-nous prévenir au mieux les risques pour la santé en cas d’un incident grave d’une des centrales qui nous entourent ?
Dans leur réponse, le Député provincial Bernard Moinet et le Gouverneur Bernard Caprasse, ont souligné que les questions de sécurité nucléaire relevaient du fédéral mais qu’une commission provinciale serait mise en place en 2015 pour discuter des actions pouvant être entreprises par la Province. Jean-Philippe Florent s’en réjouit en rappelant que la radioactivité n’aura jamais nos scrupules institutionnels. Il est nécessaire de s’approprier de cette question de santé et de sécurité.