Voeux Ecolo Luxembourg 2022

Publié le 24 février 2022
Rédigé par 
houssaju

 

En janvier 2020 nous nous faisions une joie de vous recevoir dans les locaux fraîchement rénovés de la Maison Luxembourgeoise de l’Ecologie, symbole pour nous d’une année qui s’annonçait positive, le gouvernement wallon était mis en place et nos élus locaux, provinciaux, régionaux et fédéraux prenaient leurs marques dans leurs nouvelles fonctions. On espérait la concrétisation rapide d’un accord de majorité au fédéral, nous étions confiants. C’était sans compter sur l’apparition de ce fameux virus venu du fin fond de l’Asie. Je ne vais pas vous refaire l’historique ici, vous l’avez suivis de près. Et Olivier vous fera le point avec sa casquette de député fédéral.

En 2021 nous avons voulu continuer nos actions habituelles même si les règles étaient chamboulées. En juillet après de longs mois sans se voir « en vrai » nous avons organisé notre traditionnelle assemblée festive, un moment que nous voulions convivial et militant, avec l’organisation d’une soirée culturelle en collaboration avec les jeunesses musicales. La culture est au coeur de nos préoccupations, Nicole nous en parlera d’ici quelques minutes.

Par ailleurs, vous le savez, la bonne gouvernance est dans l’adn d’Ecolo, nous avons donc été vigilants dans de nombreux dossiers à cet égard, notamment concernant le dossier Sogeparlux ou encore le projet de nouvelle gouvernance au sein de Vivalia.

Les inondations connues l’année passée au sein de notre propre pays nous ont montré qu’elles peuvent être les conséquences du dépassement des limites de la planète. La province de Luxembourg (Hotton, Laroche, Houffalize, …) a été lourdement impactée par ces inondations, il s’agit d’un énorme coup de semonce du dérèglement climatique. Les réfugiés climatiques sont ici aussi ! Le climat est au sein de nos préoccupations, et ce depuis toujours, c’est pourquoi nos mandataires communaux, et particulièrement nos élus en majorité à Neufchâteau, Virton et Fauvillers font du climat un enjeu local via les PAEDC (plan d’action en faveur de l’énergie et du climat), la mobilité, … L’énergie est un grand chantier, nous voulons une énergie plus verte mais également accessible à toutes et tous, Romain reviendra sur ce point particulier.

En septembre Cécile Thibaut a décidé de passer le flambeau à Olivier Vajda en tant que député fédéral, nous remercions une fois de plus Cécile pour tout le travail qu’elle a effectué au Sénat et à la Chambre, elle a su porter la voix des luxembourgeois au sein de ces deux institutions avec force et conviction.

Nous sommes maintenant en 2022 et force est de constater que le coronavirus est toujours présent, je pense qu’à l’heure actuelle on ne peut plus parler de crise, cela supposerait un état passager. Or au jour d’aujourd’hui il est temps de faire preuve de résilience, et d’apprendre à vivre avec, d’avoir une vision pour une gestion à long terme, et de retrouver nos projets, d’être force de propositions et ce dans tous les domaines.

C’est pourquoi nous vous recevons aujourd’hui sur le terrain, dans une entreprise avec une vision moderne et responsable. La forêt et le secteur du bois sont omniprésents dans notre province et nous nous devons de préserver l’une tout en soutenant le développement de l’autre.

Cluster bois et parcs nationaux

1. Cluster bois

La forêt représente 52,2% du territoire du territoire provincial. C’est une composante majeure de nos paysages qui remplit de nombreuses fonctions : environnementale, économique, social ou culturel…

Les pressions sur cette forêt sont réelles et diverses : impact du réchauffement climatique, ravageurs et agents pathogènes (scolytes, chalarose du frêne…), Peste Porcine Africaine, trop grande présence de grand gibier,… Il nous paraît essentiel de repenser la relation de l’humain vis-à-vis de cet environnement forestier en gardant bien à l’esprit qu’il s’agit d’une assurance-vie pour les générations suivantes.

C’est d’ailleurs l’enjeu des Assises de la Forêt en Région wallonne qui débuteront le 25 février et permettront à tous les acteurs de la forêts et jeter les bases du futur Programme Forestier Régional. En attendant, le Gouvernement Wallon, dans le cadre de son plan de relance, investit dans l’avenir des forêts et de la filière bois : 3 millions € pour le projet « forêt résilientes», 8 millions€ pendant 3 ans pour consolider sa filière bois et 5 millions€ pour l’économie circulaire dans la filière bois. Enfin, nous observons la fusion de l’Office Economique Wallon du Bois et de RND. La nouvelle structure, basée à Marche-en-Famenne, aura pour mission d’augmenter la valeur ajoutée du bois produit durablement.

Nous avons tous été sensibilisés à la problématique des grumes qui partent par lots entiers vers la Chine et les États-Unis et à la perte de plus-value que cette fuite de cette ressource naturelle représente. Nous devons également faire le constat que nos scieries ont mal vieilli ou n’ont pas été remplacées faute d’investissement. Elles n’ont plus la possibilité de scier efficacement nos chênes, nos hêtres, nos frênes, voire d’autres essences feuillues.

Il nous faut réactiver un outil industriel performant qui soit calibré pour les essences feuillues qui pourront sortir de nos forêts à l’avenir. Les feuillus représentent 56% de la forêt productive et l’avenir des résineux reste incertain.

Ces différents constats nous amènent à proposer de redéployer sur la province une filière bois du futur. Une filière qui s’adapte aux essences et aux quantités qu’une forêt résiliente peut lui fournir et qui maximise localement cette plus-value.

Le bois est une ressource magnifique, qui a des qualités insoupçonnées qui sont mal valorisées aujourd’hui.

Aux débouchés traditionnels (bois de chauffage, construction, ameublement…) de nouveaux produits ou de nouvelles techniques sont en développement et d’autres restent à explorer :

  • bois torréfié (comme ici chez Scidus)

  • des panneaux constitués de couches « traction/compression » provenant des grumes

  • prototypages grâce aux robots mis à disposition

  • vitres transparentes en bois

  • isolants sous forme de mousse

  • clous ou chevilles en bois comprimé (hêtre densifié pour plus de résistance)

  • des écrans tactiles en bois

  • tonnellerie

  • charbon de bois

  • briques à partir de cendres de bois

Pour ce faire, nous plaidons pour la création d’un cluster forêt/bois en province de Luxembourg. Un centre de recherche qui s’appuie sur les atouts existants (centres de formation, cursus universitaires, forestiers, entreprises de transformation…). Il ne s’agit pas d’exploiter plus nos forêts, mais de mieux les exploiter.

Ce centre, ce n’est un nouvel organisme supplémentaire mais un lieu qui fédère les acteurs existants, pour organiser des Fab-Lab, des hackathon du bois, des formations, du réseautage entre acteurs…

2. parcs nationaux

Parmi les quatre projets pré-sélectionnés, deux se trouvent en province de Luxembourg :la Forêt d’Anlier et la vallée de la Semois. Ils ont jusqu’au 1er octobre 2022 pour détailler leur projet par l’établissement à la fois d’un plan directeur, une vision à long terme et d’un plan opérationnel pour parvenir à la mise en œuvre de cette vision. Chacun d’entre eux sera soutenu pour l’élaboration de ces plans à hauteur de 250 000 euros et recevra, en outre, 250 000 euros supplémentaires pour la mise en œuvre d’un projet limité sur son territoire.

A la clé, les deux projets qui seront finalement retenus comme parcs nationaux de Wallonie pourront bénéficier d’une subvention additionnelle, qui pourra atteindre 13 millions d’euros par parc aux fins de réalisation de leur projet de parc national (pour couvrir entre autres les coûts de sauvegarde, de préservation et de restauration du patrimoine naturel, d’aménagement d’infrastructures d’accueil, de fonctionnement directement liés à la mise en œuvre du projet). Ces coûts devront, en tout état de cause, concerner, pour au moins 70 % d’entre eux, la protection du patrimoine naturel, sa restauration, sa conservation et, pour un maximum de 30 %, sa valorisation sur le plan plus touristique.

Il s’agit donc, avant toute chose, d’un projet qui vise à garantir, pérenniser, restaurer et renforcer le patrimoine naturel. Mais bien entendu, un parc national représente un atout en termes de développement durable et de dynamisation du territoire. C’est notamment une formidable carte de visite touristique qui pourra stimuler l’entrepreneuriat local, les petits commerces, les filières alimentaires locales.. Le parc national de Haute Campine génère par exemple 5000 emplois directs ou indirects. Une opportunité incroyable nous est offerte.

Je tiens donc à féliciter les porteurs des deux projets luxembourgeois qui ont réalisé un boulot de grande qualité dans leur note d’intention. Je tiens aussi à encourager tous les acteurs locaux actifs sur ces deux territoires à consolider la dynamique. Les communes concernées, la Province, Idélux, le milieu associatif, culturel… et bien entendu les citoyens peuvent d’une manière ou d’une autre contribuer à ces projets porteurs. Il n’y aura que deux parcs nationaux en Wallonie, c’est donc une réelle compétition, arbitrée par un jury indépendant où la qualité du projet primera sur toute autre considération. Les jeux sont pleinement ouverts, les Luxembourgeois doivent saisir cette opportunité inédite.

La reprise économique actuelle a un impact dramatique sur l’évolution du coût de l’énergie. De nombreuses familles voient ainsi leur budget, d’un coup, significativement déséquilibré.

Les conseillers en énergie du Groupe action surendettement, partenaire de nombreux CPAS de la Province, ont fait le compte. Pour une famille de 4 personnes qui dispose d’un.

boiler électrique l’augmentation de la facture mensuelle d’électricité va avoisiner les 120 €.

Nous sommes particulièrement inquiets par rapport à l’arrivée de la prochaine facture de régularisation qui s’annonce comme un véritable coup de massue pour de nombreux ménages précarisés et de la classe moyenne.

Face à cette situation, il est nécessaire de prendre des mesures fortes :

Le gouvernement fédéral a pris la décision d’élargir l’accès au tarif social, celui-ci concerne donc aujourd’hui un ménage sur cinq. Un million de ménage qui bénéficient ainsi d’une réduction annuelle de +/- 720 € avec cette mesure prise actuellement jusque fin mars 2022. Vu les prévisions actuelles, un retour à la normale des prix n’est pas annoncé avant l’été 2024, il est donc nécessaire de prolonger cette mesure et de l’étendre à toute personne en médiation de dettes (ne pas tenir compte uniquement des recettes du ménage mais de sa situation réelle).

Les personnes bénéficiant de ce tarif social pour l’électricité se sont également vues octroyer un forfait unique de 80 € en janvier 2022. Un autre « chèque énergie » sera nécessaire si, comme nous le craignons, la situation perdure (Finançable sur base de la hausse des recettes de TVA).

Ce sont des mesures d’urgence, pour répondre à la situation actuelle.

A long terme et comme solution structurelle, nous soutenons la rénovation des bâtiments et le développement des énergies renouvelables. Produire localement doit nous permettre de maîtriser mieux le prix de l’énergie sans dépendre de la spéculation de l’OPEP ou des oligarques.

La région Wallonne, via le Ministre Henry, en plus du soutien aux primes déjà existantes, vient de lancer début 2022 une formule de prime simplifiée, sans audit énergétique, pour la

rénovation des toitures. D’autres primes pourront être revues à la hausse, suite à une augmentation des budgets globaux disponibles.

Près d’un 1,2 milliards d’euros d’ici à 2024 sont prévus dans le cadre du plan de relance pour rénover massivement 25 000 logements sociaux en Wallonie.

Toutes ces mesures, d’urgence et de vision à long terme, sont à mettre en place au plus tôt.

Comment souhaiter une bonne année sans souhaiter une bonne santé ?

Comment parler de santé sans évoquer la pandémie qui nous touche depuis 2 ans, elle et tout ce qu’elle a induit dans notre façons de vivre, dans nos libertés ?

Permettez-moi tout d’abord d’avoir une pensée pour toutes les personnes les plus touchées par cette pandémie : les malades et les familles endeuillées bien sûr, mais aussi le personnel soignant qui, déjà en sous-effectif avant la crise souffre et n’a plus de repos depuis mars 2020… de nombreux témoignages nous parviennent, alarmants, dont celui Claudia Massot, conseillère provinciale Écolo mais qui reste avant tout infirmière.

Comme si nous en avions besoin, la pandémie a mis en lumière les difficultés de nos soins de santé, dont la pénurie de soignants, encore plus visible dans nos régions rurales.

Au-delà de la question des quota INAMI qui revient sur les bancs du fédéral, je serai particulièrement attentif à ce que soit prise en compte l’accessibilité aux soins de santé chez nous. En collaboration avec la région, des plans d’attractivité des médecins, généralistes et spécialistes, doivent être mis en place. Au fédéral, une planification de l’offre peut et doit être organisée pour renforcer cette attractivité.

L’offre de soins doit également tenir compte des distances et des transports. J’ai encore récemment été interpelé sur le coût de la mobilité des malades chroniques que sont les dialysés, par exemple. A l’heure où les coûts de transport flambent et où nos hôpitaux se centralisent de plus en plus, des solutions peuvent et doivent être trouvées.

Toutes ces questions retiennent mon attention prioritaire en ce début d’année.

Permettez-moi d’avoir aussi une pensée pour les victimes indirectes de la pandémie : les personnes isolées, celles dont les droits ont été réduits au nom de la santé publique, celles qui ont souffert économiquement, socialement ou psychologiquement, qui se sont senties incomprises, jusqu’aux citoyens qui ne se sentent plus entendus par leurs représentants.

La santé n’est en effet pas simplement éviter un rhume ou une pneumonie ou réparer une jambe cassée, c’est un tout ; c’est être bien dans son corps et son esprit.

Et à tous les niveaux de notre santé, ces deux dernières années ont été difficiles pour chacun d’entre nous. Pour éviter d’accumuler les effets d’une pandémie qui nous a agressés sans crier gare, des mesures d’ampleur ont dû être prises en urgence. Le prolongement dans le temps de ces mesures est progressivement devenu problématique ne serait-ce que d’un point de vue démocratique.

Chaque mesure est devenue une entrave à nos libertés et source de peurs, justifiées ou non. Qui plus est, pendant plus d’un an, ces mesures étaient prises par nos gouvernements sans presque aucun contrôle législatif. Il faudra attendre août 2021 pour que la loi pandémie prenne forme et soit votée.

Dès l’automne, le groupe Ecolo-Groen à la Chambre a œuvré pour convaincre ses partenaires de majorité de la nécessité d’un vrai débat parlementaire sur la crise sanitaire et ses implications, notamment sur le plan démocratique. Ce n’est qu’en décembre qu’un accord a pu être trouvé pour organiser un vrai débat, principalement orienté sur l’opportunité d’envisager ou non une obligation vaccinale, mais aussi sur tous les moyens et méthodes à envisager pour gérer la crise sanitaire à court, moyen et même long terme.

Ma conviction est que cette gestion sera démocratique ou ne sera pas.

Bref, vous aurez compris que lorsque Écolo vous souhaite une bonne année et un bonne santé, il pense à votre santé physique et mentale, et à la santé de notre démocratie.

Cela ne nous fera bien sûr pas oublier les autres enjeux fédéraux qui comptent pour notre province : la mobilité, notamment ferroviaire, l’accès aux services notamment bancaires (Batopin).

 

Depuis le début sanitaire la culture figure parmi les secteurs les plus touchés. La fermeture décidée par le CODECO du 22 décembre de tous les lieux de spectacle et des cinémas était tellement discriminatoire et injustifiée du point de vue sanitaire qu’une rectification s’est imposée d’urgence suite à la plainte déposée au Conseil d’État et le dernier Codeco a enfin encore élargi les conditions de déroulement des manifestations culturelles.

Ces événements sont cependant plus qu’interpellants ! La culture ne serait-elle dans la tête de certains décideurs qu’un passe-temps coûteux dont on peut aisément se passer dans les moments difficiles ?

Nous pensons tout le contraire.

La culture constitue un élément majeur de la résilience de notre société et est un droit pour chaque individu.

En emmenant le public loin de ses soucis, dans le rêve et le beau, elle lui permet de renouer avec des émotions positives et de vivre des moments de joie ce qui est particulièrement important quand les temps sont moroses.

En exprimant des difficultés, des ressentis, en interpellant, la culture aide la population à réfléchir, à mieux comprendre ce qui se passe à l’échelle sociétale et à l’échelle individuelle et ainsi à prendre du recul, à relativiser, ou au contraire identifier des dysfonctionnements. Elle contribue ainsi au développement de personnalités équilibrées capables de se défendre contre les diverses tendances sectaires qui clivent notre société.

Enfin, le secteur de la culture participe à la vie économique de notre pays, de notre province et représente bien des travailleurs qui donnent de leur temps et de leur personne et qui méritent d’être soutenus au même titre que les autres.

Pour toutes ces raisons, nous tenons à exprimer plus que jamais notre totale solidarité au secteur de la culture et serons très attentifs à sa bonne évolution et à son accessibilité au plus grand nombre au sein de notre province.